Épisode 4 : Vieillissement, anxiété et effets du stress sur le corps
3 janvier 2023 | 29 minutes
Joignez-vous à l’animateur Brent Bishop alors qu’il discute avec Bryce Wylde, un expert en médecine alternative et un praticien en soins de santé naturels de Toronto (Ontario). Ils discuteront du vieillissement, de l’anxiété et des effets du stress sur le corps.
Remarque : tous les balados ont été enregistrés en anglais seulement.
Transcription de l’épisode
Présentateur :
Vous écoutez la série de balados Au-delà de l’âge.
Brent :
Bonjour et bienvenue au balado Au-delà de l’âge, une série exclusive de Manuvie dans laquelle nous discutons avec des experts pour faire la lumière sur la santé globale et le vieillissement. L’idée : vous aider à vivre plus longtemps et en meilleure santé, quel que soit votre âge. Je suis votre animateur, Brent Bishop, et, aujourd’hui, je suis en compagnie de Bryce Wylde de Toronto, Ontario. Il s’agit de l’un des plus grands experts en médecine alternative au Canada. Il est praticien de soins de santé naturels et fondateur de Wylde on Health. Nous discuterons de l’incidence du stress et de l’anxiété sur notre santé mentale avec l’âge. Bienvenue Bryce.
Bryce :
Merci beaucoup, Brent. Je te suis reconnaissant de m’avoir invité. Il vaut mieux prévenir : si on plaisante et on rigole, les gens doivent savoir que nous sommes avant tout des amis. On pourrait presque dire que nous sommes frères.
Brent :
Tout à fait! Cela fait un moment qu’on se connaît dans le secteur de la santé et dans celui des médias et nous sommes des amis de longue date. Mais pour nos auditeurs, veux-tu bien commencer par parler de toi, de ce que tu fais, et de la raison pour laquelle tu travailles dans ce domaine?
Bryce :
Oui, bien sûr. La plupart des gens comprennent le terme « médecine alternative » qui existe depuis longtemps. C’est un terme que nous apprécions encore. Mais il a évolué dans le temps. Donc, j’ai commencé à pratiquer il y a au moins 22 ans, mais si je fais vraiment le calcul, je pratiquais d’abord la médecine clinique. C’est ensuite devenu de la médecine alternative complémentaire, puis cela a encore évolué vers ce qu’on appelle la médecine fonctionnelle. Dans mon cabinet, il y a un certain nombre de médecins, d’ostéopathes, de physiothérapeutes, de massothérapeutes, de personnes qui pratiquent la naturopathie comme moi, d’acupuncteurs, etc. Et ce groupe pratique la médecine fonctionnelle, que ce soit individuellement ou en équipe. Il s’agit vraiment de comprendre l’individu au bout du compte, à un niveau personnel; d’offrir de la médecine personnalisée, de comprendre sa biochimie, sa physiologie, ses aptitudes mentales et émotionnelles. Et à vrai dire, grâce à notre compréhension de la génétique et de l’ADN, nous savons maintenant qu’on ne peut pas modifier nos gènes. Ce sont les cartes que vos parents vous ont données dans ce jeu qu’est la vie. Tout dépend de la façon dont vous jouez votre main. On ne peut pas changer l’ADN, mais on peut gérer l’expression génétique. Si on rassemble tous ces éléments, il s’agit de pratiquer la meilleure médecine possible.
Brent :
Il ne fait aucun doute que tu es passionné par ton domaine. Quelle est la raison principale qui t’y as amené?
Bryce :
Quand j’étais petit, ma mère était très en avance sur son temps. On se rendait partout en vélo quand c’était possible. On recyclait avant même que tout le monde en parle. On allait jeter les restes de nos repas dans le compost et on cultivait notre jardin potager. J’ai appris les bases de la phytothérapie très jeune. Nos voisins étaient autrichiens, les Kozechek, et ce sont eux qui ont influencé ma mère. Je vivais dans une famille nombreuse composée de huit enfants et à chaque fois qu’on avait mal au ventre ou à la tête, un petit tracas, un rhume ou une grippe, on allait voir Margaret Kozechek et on lui demandait conseil. Puis ma mère s’en inspirait. C’est comme ça que j’ai grandi. Cela ne veut pas dire que nous n’allions pas voir le médecin quand et si c’était nécessaire, mais on avait toujours recours à cette médecine, ce traitement de première intention pour déclencher les réactions naturelles de guérison du corps avant toute sorte de triage nécessaire par ce que nous appelons aussi la médecine conventionnelle.
J’ai commencé à travailler dans le domaine de la psychologie clinique et j’ai passé un certain temps au Queen Street Mental Health Center avant qu’il fusionne avec le Clark Institute of Psychiatry et devienne ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH). Dans les archives de la bibliothèque, j’ai d’ailleurs trouvé de vieux dossiers qui montrent que dans les années 1940 et 1950, des patients ont obtenu de très bons résultats grâce aux traitements naturels. J’ai décidé de retourner à l’école et d’apprendre en profondeur les méthodes de la médecine naturelle afin d’avoir les meilleurs résultats possible pour mes patients. Et on connaît la suite.
Brent :
Tu as commencé dès l’enfance et continué jusqu’à maintenant. Tout à fait. Dans le cadre de tes recherches et de ton travail, as-tu déjà observé les répercussions négatives du stress sur la santé mentale avec l’âge?
Bryce :
Eh bien, je qualifie le stress de premier tueur silencieux d’Amérique du Nord. Il est silencieux parce qu’il s’installe lentement sur toute une vie, année après année, décennie après décennie. Il augmente le risque de maladies cardiovasculaires et de dépression, il affaiblit le système immunitaire et perturbe le sommeil. Il peut même être à l’origine du cancer. Il accélère le vieillissement, Brent, il l’accélère de manière exponentielle. Le concept de stress aigu, de petits morceaux ici et là, notre corps est conçu pour le gérer. Mais le stress chronique à long terme, les textos, les courriels, les appels et les échéances, voilà le dilemme de notre ère. Le stress et l’anxiété entraînent un cycle de vieillissement rapide du corps humain. La physiologie du corps, notre biochimie est accélérée. Il est vrai que nous vivons plus longtemps qu’auparavant si on fait la comparaison. Nous vivons plus longtemps, mais dans la maladie. Si mes recherches m’ont bien appris une chose, c’est que nous vivons plus longtemps, mais en mauvaise santé.
Ainsi, l’objectif de mon cabinet et le message que je veux largement diffuser consistent à ralentir le déclin. De nos vingt ans jusqu’au début de notre trentaine, quoi qu’on fasse avec notre corps, on reste en assez bonne santé, on est résistants. On vient au monde sans problèmes congénitaux, si on a de la chance. Jusqu’à ces âges, on est plutôt résistants et en bonne santé. Puis, dans la société actuelle, le stress, le triste régime américain standard, les mauvaises habitudes de vie, le manque d’exercice, la sédentarité, le temps excessif passé devant un écran nous mettent dans une sorte d’état biochimique pathétique. Et c’est là que le déclin arrive. On commence à devoir faire face à ce à quoi on est peut-être être prédisposés génétiquement ou aux maladies plus tôt que prévu. Puis, au début de la cinquantaine et de la soixantaine, ces problèmes sont bien implantés; nous ne sommes plus capables de faire ce que notre corps est censé faire. Et nous pourrions passer les 20 ou 30 dernières années de notre vie en mauvaise santé. En ralentissant le déclin, on vit aussi longtemps que possible. Puis il y a ce que j’aime appeler « mourir en bonne santé ». Vivre aussi longtemps que possible et boum, par la grâce de Dieu, mourir paisiblement dans notre sommeil à 110 ans. Voilà l’objectif.
Brent :
Wow. Ce sont des bons points. Je pense que plus que jamais, en particulier à l’heure actuelle, le stress et l’anxiété sont une réalité pour tellement de personnes. Dans la situation actuelle de pandémie, 15 % des Canadiens reçoivent un diagnostic de trouble d’anxiété généralisée. Quelles mesures de base peut-on prendre à tout âge pour réduire le stress et l’anxiété, qu’il s’agisse d’un problème général ou lié à cette pandémie?
Bryce :
Chaque personne a sa propre capacité de faire face à l’ensemble des facteurs de stress mental, émotionnel et physique. Cette capacité a une limite, le point à partir duquel notre santé se détériore. C’est notre seuil de tolérance. Nous possédons tous ce seuil très personnel, cette capacité à gérer le stress, je n’aime pas dire « faire face au stress ». Ce n’est pas la bonne approche. Gérer le stress. Notre seuil personnel semble être le résultat de l’accumulation de nombreux facteurs, notamment mentaux, physiques, nutritionnels, environnementaux et ces fameux facteurs génétiques. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, j’aimerais faire une brève description de ce que j’appelle la biologie du stress. As-tu déjà entendu parler de l’hormèse? Oui, j’en ai déjà entendu parler. C’est probablement parce que tu es un professionnel de l’exercice pour célébrités, car l’activité physique en un exemple parfait.
Il ne faut pas en faire trop, sinon le corps ne tient pas. Si on n’en fait pas assez et qu’on accumule de la mauvaise graisse, notre système cardiovasculaire actif échoue. On n’est pas en bonne santé. Parfois, un agent, quel qu’il soit, est nocif pour un organisme individuel à des doses élevées, mais déclenche une réponse bénéfique à des doses plus faibles. C’est ce phénomène qu’on appelle l’hormèse. Les agents qui provoquent l’hormèse sont appelés hormétines. L’activité physique est donc une hormétine, le stress intermittent modéré en est une autre. Les facteurs physiques tels que l’exercice modéré, le choc thermique, le cryostress sont tous des hormétines physiques. Il existe évidemment des hormétines mentales et émotionnelles. Les facteurs qui contribuent au bien-être mental et social, les hormétines psychologiques, sont la raison pour laquelle les gens ont des troubles de confusion à notre époque. Il y en a trop pour pouvoir les gérer.
Cela comprend la stimulation mentale comme les éléments que j’ai mentionnés plus tôt : gérer les courriels et les textos, être constamment disponible et ne pas avoir de temps d’arrêt. Mais lorsqu’on observe l’activité cérébrale qui sollicite les ondes delta, une attention soutenue, la vigilance, la concentration, comme la méditation concentrée, voilà un parfait exemple de point de départ. Ce que je veux dire, c’est qu’il est clair qu’un certain stress, la bonne dose de stress, peut en réalité être bénéfique. J’appelle ces facteurs de stress les hormétines « Boucle d’or ». Pour la plupart d’entre nous, l’excès de stress devient chronique et accélère le vieillissement. C’est de cela qu’il s’agit. Bien évidemment, je ne recommande à personne de s’exposer à diverses formes de radiations de faible intensité. Mais ce que je veux souligner, c’est que l’exercice, le jeûne intermittent, les chocs thermiques, les expositions au froid et au chaud, le genre de choses auxquelles vous survivez, peuvent être bénéfiques pour que votre cerveau s’adapte et apprenne à limiter les effets du stress et de l’anxiété lorsque vous subissez un stress physique ou émotionnel. Lorsque vous subissez un stress physique ou émotionnel, votre corps sécrète du cortisol et de l’adrénaline, ce n’est pas la première fois qu’on l’entend. Ce n’est là qu’une des nombreuses façons dont le stress influence la biologie, la physiologie et les états mentaux et émotionnels des êtres humains.
Cette réaction est orchestrée par une série d’événements qui commencent dans les profondeurs de l’hypothalamus et de l’hypophyse qui envoient un signal aux glandes surrénales, qui reposent sur les reins. Il y en a deux et elles ont une forme pyramidale. Elles libèrent de l’adrénaline et du cortisol. Ces hormones stimulent la production de glycogène par le foie. Il s’agit d’un type de sucre que nous stockons uniquement pour ce type de situation de stress aigu. Cette montée du taux de sucre nous donne un coup d’énergie pour fuir ou affronter une menace. C’est ce qu’on appelle la réponse combat-fuite dont le contraire est l’état parasympathique ou de repos et de digestion. Dans des situations normales, la réponse combat-fuite est de courte durée.
Toutefois, quand il s’agit de stress chronique et que le corps subit des pics de sucre à répétition, les récepteurs de l’insuline, qui se trouvent sur toutes nos cellules et qui laissent passer le sucre dans nos cellules, finissent par s’abîmer. J’appelle cet état chronique de pics de stress aigu fatigué, mais alerte. Au fil du temps, le pancréas doit donc libérer de plus en plus d’insuline pour aider les sucres à traverser les récepteurs abîmés de l’insuline. C’est ce qu’on appelle la résistance à l’insuline. C’est le fondement de la façon dont le stress et l’anxiété chroniques accélèrent le vieillissement. La science a conclu que les personnes souffrant d’anxiété et de dépression à long terme sont non seulement plus susceptibles de souffrir du diabète, mais peuvent également ressentir les effets du vieillissement plus tôt. D’ailleurs, il existe un excellent test à demander à votre médecin dans le cadre d’un examen médical annuel. C’est relié à tout ce dont je viens de parler et de la quantité de sucre dans votre alimentation.
On appelle cela une analyse A1c ou HbA1C ou encore la mesure de l’hémoglobine glyquée, qui reflète le taux de sucre dans le sang au fil du temps. Un taux élevé d’hémoglobine glyquée augmente la quantité de radicaux libres. Le stress oxydatif. J’ai écrit tout mon premier livre à ce sujet, la prescription d’antioxydants, qui accélère le processus de vieillissement en causant des dommages importants à votre ADN, ce qui nous ramène à votre question : que faire et comment gérer cette situation? Eh bien, je pense que si vous optimisez votre routine d’exercice, votre alimentation, votre sommeil, votre cerveau intestinal et même votre cerveau cardiaque, vous pourrez gérer à peu près n’importe quel degré de stress que la vie vous impose. La relation entre les intestins et le cerveau est un domaine très intéressant; mes recherches se sont concentrées davantage sur les dysfonctionnements des intestins. Les intestins sont étroitement connectés au cerveau par le nerf vague.
Ainsi, lorsque le cerveau est perturbé, les intestins le sont aussi, et vice versa. Nous avons beaucoup appris sur ce lien entre les intestins et le cerveau et sur l’importance d’un microbiome sain pour la santé mentale et émotionnelle et même pour la longévité. Et cela devient vraiment intéressant. On en apprend de plus en plus sur les souches et les espèces qui composent le microbiome. Les bienfaits pour la santé de ces bonnes bactéries ont fait l’objet d’études. Par exemple, nous disposons de nombreuses preuves solides concernant la souche lactobacillus acidophilus (CL 1285) qui protège contre la diarrhée associée au traitement par antibiotiques. Mais rien n’indique que cette souche en particulier peut avoir un effet sur le stress, l’anxiété ou la longévité. Mais la combinaison de lactobacillus helveticus, une souche différente, et de bifidobacterium longum (R0175), a été spécifiquement créée pour soutenir le lien entre les intestins et le cerveau, et la recherche montre qu’elle contribue à réduire l’anxiété et la dépression.
Il s’agit donc d’utiliser des souches et des espèces spécifiques pour gérer nos aptitudes mentales et émotionnelles. Le lien entre les intestins et le cerveau est un domaine d’étude qui n’en est qu’à ses débuts, mais je pense qu’il nous permettra d’en savoir beaucoup plus. L’histoire se dévoile et évolue sur la manière de réduire le stress et l’anxiété et de ralentir le vieillissement, en gérant le lien entre le cœur et le cerveau. Nous en apprenons de plus en plus sur les techniques de respiration et sur la gestion de ce que l’on appelle la cohérence cardiaque et la variabilité de la fréquence cardiaque. Et je sais que tu en connais beaucoup à ce sujet. Je trouve que cela a quelque chose de magique. Votre cœur envoie plus de signaux à votre cerveau que votre cerveau n’en envoie à votre cœur. Croyez-le ou non. En fait, le cœur est un ensemble de tissus nerveux si important qu’il en devient une sorte un mini-cerveau. Des études ont découvert que ce cerveau cardiaque peut apprendre, mémoriser, prendre des décisions fonctionnelles indépendamment du cortex cérébral. Certaines expériences ont en effet démontré que les signaux que le cœur envoie en permanence au cerveau influencent les fonctions cérébrales supérieures impliquées dans la perception, les aptitudes cognitives et le traitement des émotions. Le fait est que nous avons beaucoup d’options pour gérer cette biochimie qui nous échappe. On en perd le contrôle de nos jours.
Brent :
C’est formidable, en effet. Nous allons faire une petite pause et vous retrouverons tout de suite après ce message.
Présentateur :
Vous aimez notre émission jusqu’à présent? N’oubliez pas de consulter notre site Web, Manuvie.ca/vivre-en-meilleure-sante, pour obtenir encore plus de conseils, de vidéos et de contenus de Manuvie qui peuvent vous aider à vivre plus longtemps en santé, quel que soit votre âge.
Brent :
Nous sommes de retour à Au-delà de l’âge. J’aimerais passer à l’aspect génétique de la question. Nous savons que des études ont établi un lien entre le stress et l’anxiété chroniques et le raccourcissement des télomères, une partie du chromosome associé au vieillissement cellulaire. Que pouvez-vous nous dire sur la science qui explique le vieillissement et le stress?
Bryce :
Il s’agit d’un concept très intéressant. À l’intérieur des milliers de milliards de cellules du corps, on trouve un petit noyau. À l’intérieur de ce dernier, il y a l’ADN qui vieillit à chaque division cellulaire. Lorsque vos cellules se divisent, elles le font grâce aux instructions que les chromosomes dupliquent et qui indiquent à la cellule de se diviser. Tout cela est régulé par des hormones et un tas d’autres choses. Mais pour ne pas trop aller dans le détail : si vous faites la photocopie d’un texte sur une page, puis que vous faites la photocopie de cette photocopie et ainsi de suite… Les lettres finissent par s’estomper, certaines s’effacent. Le bord de la page se déforme. C’est semblable au cycle de la division cellulaire. Il existe ce qu’on appelle la limite de Hayflick. Ainsi, une cellule humaine normale se réplique et se divise seulement entre 40 et 60 fois avant de ne plus pouvoir se diviser, ou de ne plus vouloir se diviser.
Si elle le fait quand même, elle commence à faire des erreurs. Et bien sûr, cela peut causer des problèmes tels que le cancer. Dans ce cas, la cellule se détruit volontairement par mort cellulaire programmée, ce qu’on appelle l’apoptose. Mais on a deux âges différents, pas vrai? Il y a l’âge chronologique et l’âge biologique. L’âge chronologique est l’âge indiqué par le calendrier et l’âge phénotypique, ou l’âge biologique, est en fait l’âge de fonctionnement de votre corps par rapport à votre condition physique moyenne ou au niveau de santé moyen de la population. Mais les gens qui ont le même âge chronologique ne présentent absolument pas nécessairement le même risque de souffrir d’une maladie cardiovasculaire, de diabète, d’un cancer, ni même de mourir. L’âge biologique nous donne une meilleure idée de la situation d’une personne par rapport à son âge. Les personnes dont l’âge biologique est inférieur à l’âge chronologique ont un risque de mortalité beaucoup plus faible que celles qui vieillissent plus rapidement du point de vue biologique. Ces dernières ont un risque de mortalité beaucoup plus élevé et sont potentiellement plus susceptibles de souffrir de maladies associées à cette tranche d’âge plus élevée.
Pour en revenir à votre question sur le stress chronique qui endommage notre ADN, il est possible d’utiliser divers marqueurs génétiques, dont les télomères, pour déterminer l’âge biologique d’un organisme. Si on voit l’ADN comme de longs lacets de chaussures repliés à l’intérieur du noyau de la cellule, les télomères sont comme les petits bouts de plastique qui se trouvent à leur extrémité. Si on porte nos chaussures et qu’on les attache, et que les lacets traînent souvent sur le sol, ce n’est pas seulement les semelles qui s’usent. Les bouts en plastique des lacets peuvent se casser, se raccourcir et craqueler. C’est ce qui se produit à mesure que les cellules se divisent. Il faut donc se rappeler qu’elles raccourcissent, craquellent et se cassent beaucoup plus rapidement en subissant un stress chronique. On peut effectuer des tests sur ces petits bouts et fragments, et la longueur des télomères a une corrélation directe avec l’âge biologique. La bonne nouvelle, Brent, c’est qu’il est possible de ralentir la vitesse à laquelle ces bouts rétrécissent. Nous pouvons mesurer des choses telles que la télomérase, l’enzyme qui les rétrécit, et ralentir ce processus.
Brent :
Cela a-t-il également un lien avec la santé mentale d’une personne? Est-ce qu’une meilleure santé mentale à un certain âge ralentit le processus de rétrécissement?
Bryce :
C’est une excellente question. Il est possible de mesurer la taille de l’hippocampe, une autre partie du cerveau responsable de la mémoire et de la neuroplasticité, c’est-à-dire de la capacité à créer de nouveaux neurones et de nouvelles connexions. La santé du cerveau est donc entièrement liée à la santé du corps. Et vice versa, bien sûr. Donc oui, absolument! La vitesse à laquelle vous vieillissez, mesurée entre autres par un test sur les télomères, prédit également la vitesse à laquelle votre cerveau vieillira et donc déclinera, ce qui est également en corrélation directe avec votre faculté mentale et psychologique et même votre capacité à gérer le stress. Plus votre âge biologique est bas, plus vous serez en mesure de réduire votre stress et votre anxiété. Je pense qu’il y a un lien direct entre les deux.
Brent :
Je sais qu’une partie de ton travail consiste à personnaliser les soins pour tes patients en fonction de leur génétique. Et je sais aussi que nous pouvons obtenir énormément de renseignements sur la santé d’une personne à l’aide d’un simple test génétique.
Bryce :
Tout à fait. On ne peut pas changer l’ADN, on ne peut pas modifier les gènes. Ce sont les cartes que vos parents vous ont données dans ce jeu qu’est la vie, comme j’aime dire. Peut-être qu’un jour, il sera possible de manipuler l’ADN, il s’agit d’un concept qui commence à faire parler de lui, mais pour l’instant, on ne peut pas le faire. Mais il est possible de gérer l’expression génétique. C’est le plus important. Il s’agit de l’innovation la plus intéressante ces derniers temps, qui ne date que de quelques dizaines d’années, et il y a quelques gènes que j’étudie souvent pour mes patients. L’un d’entre eux s’appelle « COMT » ou catéchol-O-méthyltransférase. Vous n’avez pas besoin de vous souvenir de ce terme à rallonge ou de cet acronyme, mais il s’agit d’un gène qui est responsable de la durée de vie des catécholamines (l’adrénaline et la noradrénaline) dans le cerveau.
Certains d’entre nous ont des gènes qui permettent que ces molécules restent dans leur cerveau pendant une longue période. D’autres l’évacuent vite de leur cerveau. Si la noradrénaline et l’adrénaline restent longtemps dans le cerveau, on est prédisposé à l’effet de la roue de hamster. C’est-à-dire qu’on se rejoue certaines expériences en boucle. Il existe aussi un gène appelé ADRA2B, qui est responsable de la gestion ou, pour certaines personnes, de la mauvaise gestion de l’adrénaline. Le gène COMT est connu sous le nom de gène de l’inquiétude ou du guerrier. Avez-vous une personnalité inquiète ou guerrière? Le gène ADRA2B est connu comme le gène de la « drama queen » <rire>. Ainsi, si vous avez un gène COMT lent, et que vous possédez le gène ADRA2B, qui n’est pas nécessairement le gène le plus favorable, sans simplifier à l’extrême, vous êtes beaucoup plus prédisposé à subir les effets du stress chronique et de l’anxiété qu’une personne qui n’a pas la combinaison de ces deux gènes.
Les études sont extrêmement concrètes et démontrent l’idée que c’est ce qui prédispose les gens au trouble de stress post-traumatique. On ne peut pas changer ces gènes si on les possède. En passant, il est possible de faire des tests sur le site « theDNAcompany.com » dont je suis un cofondateur (pour que tout le monde le sache). Ces tests révèlent les aptitudes génétiques de différentes manières. Et vous pouvez prendre des mesures selon celles-ci. Vous pouvez juste adapter votre alimentation. Vous pouvez prendre certains suppléments tous les jours, afin de gérer l’expression génétique de certains de ces éléments. J’aime bien utiliser une catégorie de suppléments appelée adaptogènes pour mes patients. Ils sont composés de certaines herbes, rhodiola, ashwagandha (pour n’en nommer que quelques-unes) qui aident à gérer cette susceptibilité génétique. L’ADN est une chose merveilleuse. La fonction exécutive. Je n’ai parlé que de deux gènes, mais on en étudie des dizaines et des dizaines d’autres. Encore une fois, on revient au fait qu’on ne peut pas changer son ADN, mais la bonne nouvelle, c’est qu’on peut gérer ou modifier son expression génétique si l’on est prédisposé à des degrés élevés d’anxiété et de stress.
Brent :
Je suis sûr que cette révélation doit soulager beaucoup de personnes.
Bryce :
Nous avons tous une couleur de cheveux, une couleur d’yeux, une origine ethnique, etc. différentes. Mais la plupart des gens ne se rendent pas compte de notre fonction exécutive, notre capacité à faire face ou à gérer le stress est elle aussi génétique. Certains d’entre nous peuvent supporter et gérer des niveaux de stress très élevés. On en revient à la notion de seuil de tolérance que j’ai mentionné au début.
Brent :
C’est un bon point. Et j’ai déjà entendu dire que nos pensées, notre état d’esprit et notre sentiment face au vieillissement peuvent aussi avoir une incidence sur notre niveau de stress et d’anxiété. Et peut-être sur notre processus de vieillissement.
Bryce :
Je suis tout à fait d’accord. Lorsqu’on gère son stress et son anxiété tout au long de la vie, je pense qu’on meurt en bonne santé. De cette façon, on ralentit le déclin mental, émotionnel et physique. On retrouve de nombreux centenaires dans diverses régions du monde. La Sardaigne en Italie, Nicoya au Costa Rica, Ikaria en Grèce, Loma Linda en Californie, Okinawa au Japon, tous ces endroits sont des zones bleues. L’alimentation et le mode de vie de leurs habitants sont beaucoup plus sains que ceux de la plupart des Nord-Américains. Des études montrent que le dénominateur commun le plus important de la longévité est que tous ces centenaires ont un sentiment d’utilité. Il s’agit d’un aspect important de la capacité mentale. Les Japonais appellent cela « ikigai », ce qui se traduit approximativement par « une raison de se lever le matin ». Ainsi, si on ne garde à l’esprit cette notion, l’essence même de la vie, cela alimente une routine de comportements qui favorisent la longévité. Une grande partie des valeurs fondamentales des centenaires sont profondément ancrées dans la famille, les amis proches, la culture, un système de croyances, qu’il soit religieux ou non. Et si on conserve un sentiment de valeur et que l’on continue à être un membre utile de la société, le sentiment d’utilité ne nous quitte pas.
Brent :
Je suis entièrement d’accord. Que dirais-tu à la personne que tu étais à 20 ans? Quels conseils donnerais-tu à nos auditeurs pour prendre soin de leur santé mentale à cet âge?
Bryce :
Quand j’avais 20 ans… Tu me demandes de revenir à il y a 27 ans. Et voilà. Je viens de révéler mon âge. Je dois dire que nous avons tous des prédispositions mentales et émotionnelles. Je crois que mon talon d’Achille à cet âge-là était probablement de prendre les choses trop personnellement et sérieusement. Et j’ai fini par me dire que cela nous fait probablement vieillir plus vite. Trop réfléchir cause de l’anxiété. J’ai beaucoup aimé le livre de Don Miguel Ruiz. Il est très court. Tout le monde devrait le lire. Il s’intitule Les quatre accords toltèques. J’aurais aimé le lire plus tôt, peut-être quand j’avais 20 ans. Le deuxième chapitre est consacré à l’idée qu’il ne faut en aucun cas prendre quoi que ce soit personnellement. Et je crois qu’une fois que j’ai vraiment assimilé ce conseil et vécu selon ces mots, je suis devenu insensible au stress. Ne vous sentez pas visé. L’intention n’est jamais personnelle. Il s’agit généralement de ce qui se passe dans la vie de l’autre personne et de ses problèmes. Ne la laissez donc pas vous transmettre sa négativité, son stress et son anxiété.
Brent :
C’est très, très important. Je sais que tu voyages dans le monde entier et que tu essaies de connaître les dernières avancées en matière de santé. Y a-t-il des mythes autour de la santé mentale et de la santé en général que tu entends souvent et que tu as à cœur de démystifier?
Bryce :
Si je devais rester dans mon domaine d’expertise clinique, ce serait d’étudier les matières premières que des fabricants développent dans le monde entier pour fournir les marques de suppléments alimentaires destinées aux consommateurs. Il s’agit de plantes, de produits nutraceutiques, comme les acides aminés, de produits homéopathiques, de vitamines et de minéraux. Il y a toute une série d’ingrédients différents. Je dois vous dire que je suis très, très fier de ce que nous avons fait au Canada en ce qui concerne la Direction des produits de santé naturels, qui a attribué ces numéros (NPN) à la grande majorité des ingrédients que vous voyez sur les contenants des compléments alimentaires. C’est ce qu’on appelle les allégations fonctionnelles et structurelles. Il s’agit des apports potentiels du produit, dans la limite du raisonnable, mais il faut toujours se méfier. De nombreux suppléments tiennent leurs promesses, du moins dans le contexte de notre discussion d’aujourd’hui.
L’un de mes suppléments préférés, par exemple, est la sunthéanine. Il s’agit d’une catégorie très spéciale d’extrait fermenté d’un acide aminé, la théanine, qui a fait l’objet de plus de 90 essais cliniques sur des humains. Il a été prouvé que cette molécule augmente la concentration, l’attention, la vivacité d’esprit et la relaxation et contribue à générer une activité d’ondes alpha qui combat l’anxiété et nous aide à nous détendre. La sunthéanine est donc excellente pour nous. Tout le monde peut en prendre 200 milligrammes deux fois par jour. Elle est naturellement présente dans le thé vert. Il est difficile d’obtenir une dose thérapeutique en buvant uniquement du thé vert. Mais les gens peuvent prendre ce supplément et ça fonctionne. La L-théanine ordinaire ne fonctionne probablement pas. L’extraction de la théanine du thé vert est extrêmement coûteuse. Vous verrez donc de nombreux flacons indiquant que la théanine provient du thé vert. C’est un mensonge flagrant.
C’est impossible. C’est non seulement extrêmement coûteux, mais cela ne fonctionnerait pas. Pour générer des ondes alpha grâce à la théanine, vous devez chercher « sunthéanine » sur la bouteille; c’est ce qui aura un effet. Mais la L-théanine et des centaines d’autres produits ne fonctionneront probablement pas. Il existe un probiotique très intéressant, appelé « Vitalongum », qui contient trois souches différentes de bifidobacterium longum. Elles disparaissent des intestins après l’âge de deux ans, mais on les retrouve en grande quantité chez un groupe de centenaires en Italie. Ces souches sont ensuite cultivées et vendues sous forme de gélules pour tous ceux qui veulent potentiellement gagner des années de vie grâce aux probiotiques. C’est vraiment très intéressant. La génétique libre a la cote ces derniers temps. Je pense que beaucoup de gens se tournent vers Internet et tombent sur des tonnes d’informations.
Il est difficile de faire le tri. Il faut se montrer très méfiant. Mais pour ce qui est de la réduction de l’anxiété et de la gestion des états émotionnels, tout en menant une vie plus longue et plus saine, il existe de nombreuses technologies qui me tiennent à cœur, car elles ont faire leurs preuves. Des choses scientifiquement prouvées comme la thérapie par champ électromagnétique pulsé ou la résonance magnétique bioélectrique. « Bemer » est un appareil sur lequel on peut s’allonger et qui améliore la circulation et la microcirculation sanguines; c’est quelque chose dont nous avons tous besoin. Il existe aussi la stimulation transcrânienne à courant direct, qui consiste à appliquer des petits tampons sur le front et à envoyer des signaux au cortex préfrontal pour générer des ondes alpha et ainsi réduire l’anxiété.
Brent :
Excellent. Bryce, nous approchons de la fin de notre balado. Alors, pour nos auditeurs, quels sont les deux principaux conseils de Bryce Wylde que les gens peuvent mettre en œuvre dès aujourd’hui et qui vont les aider à gérer leur santé mentale, leur stress et leur anxiété au fil du temps?
Bryce :
Je vais essayer de résumer sans tomber dans une rhétorique dépassée ou dans des choses que les gens ont déjà entendues. Nous avons largement parlé du stress et de l’anxiété à l’heure actuelle en ce qui concerne le cerveau. La plupart des gens pensent que l’anxiété est localisée dans le cerveau. Mais il existe en réalité deux autres mini-cerveaux. Le cerveau intestinal et le cerveau cardiaque. Il faut donc gérer ces deux autres centres; et mon deuxième conseil, c’est simplement manger plus de fibres, remplir son assiette quotidienne de fruits et légumes aux couleurs de l’arc-en-ciel. Le rouge, l’orange, le jaune, le vert, le bleu et le violet. Ce n’est pas nouveau. Or, les fibres solubles sont le carburant de ces bonnes bactéries qui confèrent des bienfaits pour la santé et le cerveau cardiaque. L’une des implications les plus puissantes de cette information, Brent, c’est qu’en optimisant votre fréquence cardiaque, vous pouvez influencer positivement votre état d’esprit de l’une des manières les plus efficaces qui soient. Pour ce faire, il existe des techniques de respiration qu’on appelle la « la respiration en boîte ». Vous inspirez par le nez pendant quatre secondes, retenez votre respiration pour quatre secondes et expirez par la bouche pendant quatre secondes. Retenez à nouveau votre respiration pour quatre secondes et répétez l’exercice durant deux minutes. Vous pouvez vous ancrer n’importe où et en tout temps et réduire l’anxiété et le cortisol en un clin d’œil, même s’il est question d’agressivité au volant ou d’une échéance imminente. En gros, mieux gérer le cerveau cardiaque. Et mieux gérer le cerveau intestinal. Voilà mes deux conseils, Brent.
Brent :
Bon. Voulez l’avez entendu de la bouche de Bryce Wylde. Le cerveau cardiaque et le cerveau intestinal sont les deux principales choses à prendre en compte pour votre santé mentale. Bryce, merci beaucoup d’avoir participé à cet épisode. Ce fut riche en informations.
Bryce :
Pas de problème, mon ami. Merci de tous tes efforts pour que les gens pensent à leur condition physique, nous savons à quel point c’est important. C’est probablement aussi important que tout ce dont j’ai parlé aujourd’hui. Merci beaucoup de m’avoir invité, Brent.
Brent :
Merci. Je suis tout à fait d’accord. Voilà, c’est tout pour aujourd’hui Merci d’avoir écouté un épisode du balado d’Au-delà de l’âge, une exclusivité de Manuvie. Ne manquez pas le prochain épisode, au cours duquel nous discuterons avec la Dre Dayna Lee-Baggley, psychologue clinicienne agréée de Halifax, en Nouvelle-Écosse, à propos du potentiel et de la science de l’acquisition de saines habitudes. N’oubliez pas de consulter notre site Web, Manuvie.ca/vivre-en-meilleure-sante, pour obtenir d’autres conseils, vidéos et contenus de Manuvie qui peuvent vous aider à vivre plus longtemps en santé, quel que soit votre âge.
Présentateur :
Les pensées et les opinions exprimées sont celles de l’animateur et de ses invités; elles ne représentent pas nécessairement celles de Manuvie.