Qu’est-ce qui pousse une personne à aller au centre de conditionnement physique – et y retourner encore et encore – alors qu’une autre abandonne et reste à la maison? Pourquoi certains d’entre nous arrivent-ils à atteindre des sommets illimités, alors que d’autres semblent incapables de respecter une routine remplie de saines habitudes? Tout est une question d’économie comportementale, ou l’art subtil de comprendre et d’influencer notre prise de décisions et notre passage à l’acte.
L’économie comportementale (en anglais seulement) fait appel à des éléments de psychologie et d’économie pour comprendre les mécanismes et les raisons qui agissent sur notre comportement. Elle étudie le processus de prise de décisions en tenant compte que l’être humain ne fait pas toujours des choix jugés « rationnels », même s’il a tout ce qu’il faut pour le faire.
Le Professeur James B. Duke de psychologie et d’économie comportementale à l’Université Duke et fondateur du Center for Advanced Hindsight, Dan Ariely, affirme ce qui suit : « L’une des merveilleuses caractéristiques de la nature humaine c’est qu’elle puise sa motivation d’un vaste éventail de sources. »
« Imaginons-nous courir un marathon. À première vue, courir un marathon semble une activité pénible, durant laquelle les participants souffrent. Mais en réalité, les gens qui y participent en retirent une immense satisfaction. Peut-être pas au moment de l’activité comme telle, mais plutôt une autre forme de satisfaction. »
Il explique que lorsqu’on recherche le dépassement de soi, il faut se pousser à aller plus loin.
« Courir un marathon, escalader une montagne, écrire un ouvrage et démarrer une entreprise sont tous des exemples qui témoignent de notre capacité à exploiter un grand nombre de genres de motivations; et au cours des dernières années, nous nous sommes efforcés d’ajouter de nouvelles motivations. Entre autres, les sentiments de fierté, d’identité, d’appartenance, et de progrès viennent renforcer les sources de motivation incitant les gens à adopter un comportement qui serait finalement bon pour eux », déclare M. Ariely.
La motivation nous mène à la croissance personnelle
Les recherches sur l’économie comportementale effectuées par M. Ariely révèlent que pour parvenir à la croissance, nous avons besoin d’être récompensés tous les jours pour avoir fait des choix plus sains, plutôt que de recevoir une récompense uniquement après avoir ultimement atteint un objectif global.
« Lorsque nous voulons adopter de saines habitudes de vie, nous devrions viser à récompenser le comportement plutôt que le résultat », dit-il.
Le professeur, qui a écrit trois livres figurant sur la liste des meilleures ventes du New York Times et fondé son centre de recherches, comprend parfaitement la difficulté d’entreprendre un nouveau projet. « Quand on songe à une activité physique, la course par exemple, on s’imagine déjà misérable, souffrant, malheureux, et j’en passe. Et on laisse tomber. »
Alors, comment régler ce problème de motivation? « Deux faits demeurent. Premièrement, une fois qu’on s’est engagé, les choses changent. Nous mettons la « misère » de côté et pouvons profiter de l’activité. Deuxièmement, au fil du temps, l’aspect désagréable de l’activité s’atténue, et l’activité devient de plus en plus agréable. Le but est d’inciter les gens à faire le premier pas dans leur cheminement vers la mise en forme et de trouver les bons arguments pour y parvenir. »
Dan Ariely a exploré le fonctionnement de différentes stratégies visant à motiver et à encourager les gens à rester fidèles à leurs objectifs. Il a examiné le principe de responsabilité sociale, comme publier ses progrès sur Facebook, utiliser un système de points où les gens gagnent ou perdent de l’argent en fonction de leur comportement, et instaurer un contrôle sur les applications, où l’on bloque certaines applications sur le téléphone intelligent à la suite de certains comportements.
Récompenser concrètement les bonnes décisions
Des études (en anglais seulement) ont révélé que la gratification immédiate, même si la récompense est petite, lorsqu’on réalise ses objectifs permet de progresser vers l’atteinte d’objectifs plus grands. Il est important de noter que ces récompenses doivent soutenir votre objectif, afin de ne pas saper vos efforts. Par exemple, s’offrir un souper santé au restaurant est une récompense plus favorable au soutien de vos objectifs en santé que de vous régaler d’une pâtisserie.
Que ce soit en établissant un système de récompenses personnalisé ou en adoptant le programme Manuvie Vitalité, qui vous récompense pour tous les petits gestes que vous posez au quotidien pour vivre plus longtemps et en meilleure santé, les principes de l’économie comportementale encouragent les gens à effectuer de petits changements sains pour les aider à atteindre leurs objectifs en matière de santé.
Pas besoin de vous accorder de grosses récompenses – vous pouvez vous acheter un smoothie lorsque vous vous entraînez trois fois par semaine, ou un nouveau livre lorsque vous cuisinez les repas pour le mois. La théorie veut que ces récompenses vous motivent à faire des choix plus judicieux et plus sains pour, ultimement, mener une vie plus saine.
L’une des principales leçons à tirer de l’économie comportementale, c’est que l’environnement est important. Les gens connaissent généralement l’importance de bien manger, de faire de l’exercice et de prendre leurs médicaments au bon moment. Toutefois, ils ne peuvent pas changer leur environnement, alors ces connaissances n’ont pas d’incidence sur leur comportement. Dan Ariely suggère d’utiliser des applications comme moyen d’exercer une influence directe sur l’environnement d’une personne.
« Lorsqu’une personne emporte son téléphone avec elle, celui-ci peut lui servir de rappel et d’outil de décision ou d’incitation si une tentation se manifeste; ainsi, on augmente considérablement les chances d’améliorer les comportements », explique M. Ariely.
Une étude menée en Colombie-Britannique et à Terre-Neuve-et-Labrador (en anglais seulement) a révélé qu’une application associée à de petites récompenses numériques immédiates avait aidé les gens à atteindre leurs objectifs personnels en 12 mois.
Vous savez ce que vous voulez et ce dont vous avez besoin. Il ne vous reste qu’à trouver le type de récompense qui vous permettra d’y arriver!
Nos six conseils conduisant au dépassement de soi
- Fixez-vous un objectif réaliste à atteindre. Si vous n’avez jamais couru auparavant, commencez par un simple tour du parc, peu importe votre cadence. Si vous courez normalement 5 km, essayez un parcours de 10 km.
- Découvrez ce qui vous motive. Un déjeuner copieux ou une escapade de fin de semaine? Intégrez ces motivations dans votre système de récompenses personnalisé.
- Forcez-vous à briser vos barrières et faites le premier pas. Concentrez-vous sur la récompense, et non sur la difficulté d’arriver à la course et de franchir la ligne d’arrivée.
- Divisez votre objectif en plusieurs étapes plus petites. Lorsqu’il s’agit d’un objectif plus important, récompensez-vous régulièrement, soit après chaque étape franchie. Par exemple, si votre grand objectif est de courir le marathon, offrez-vous une récompense après chaque étape vous rapprochant de cet objectif. Une course de 10 km? Pourquoi pas!
- Évaluez vos objectifs. Les objectifs de croissance personnelle que vous vous êtes fixés sont-ils trop ambitieux, ou au contraire, trop modestes? Si vos objectifs ne donnent pas les résultats voulus, réévaluez-les.
- Fixez-vous de nouveaux objectifs et poursuivez-les. Une fois que vous avez profité de votre récompense, établissez un nouvel objectif. Chaque objectif atteint est un échelon menant à votre croissance personnelle. Et bientôt, vous aurez atteint le sommet.
Consultez un professionnel de la santé pour vous assurer que ces stratégies vous conviennent.