Chaque fois que je franchis une étape vers mes études, j’ai l’impression de faire peser davantage de stress et de pression sur ma mère. Étant désormais la seule personne à subvenir aux besoins de ma famille, j’ai souvent l’impression qu’il serait préférable pour moi de quitter mes études et de trouver un emploi à temps plein pour aider ma mère.
Comme mon père était notre seul soutien jusqu’à son décès, ma mère, malgré sa grossesse, a cumulé deux emplois peu de temps après. Par conséquent, le stress constant et la dépression s’ajoutant à ses heures supplémentaires de travail ont entraîné une fausse couche, ce qui a eu des répercussions négatives pour notre famille. Mon père n’avait pas d’assurance vie, nous laissant, ma mère et moi, seuls dans notre souffrance. En raison de ressources limitées, j’ai dû changer de mode de vie et j’ai perdu mon meilleur ami sur qui je comptais pour tout ce dont j’avais besoin.
Depuis mon enfance, je voulais devenir policier mais, après la crise cardiaque de mon père, j’ai choisi de devenir médecin pour sauver la vie de ceux qui manquent de soins médicaux. Malheureusement, quand j’ai eu 12 ans, ce rêve s’est brisé quand ma mère a été poignardée et qu’elle a été victime de violences conjugales. En raison de cet incident, elle a été hospitalisée pendant plus de six mois pour des blessures de la moelle épinière mettant sa vie en danger. J’ai été placé dans une famille d’accueil qui m’a maltraité. Tout en assistant à des séances de consultation et en cherchant du soutien social, j’ai donné des cours à domicile pour amasser de l’argent et payer mes études. En plus de terminer mes études secondaires, j’ai réussi à occuper un emploi à temps partiel et à faire du bénévolat à l’hôpital et dans un centre de soins pour personnes âgées.
Tout au long de ma vie, j’ai toujours cherché des moyens de redonner à ma collectivité, ce que mon père faisait souvent. Je suis actuellement en troisième année à l’Université de la Colombie-Britannique où j’étudie la biologie ainsi que la microbiologie et l’immunologie. En plus de faire partie des leaders du YMCA, je fais du bénévolat dans un centre pour personnes âgées, j’effectue des recherches de laboratoire et je m’occupe de ma mère qui a besoin d’aide pour accomplir des tâches quotidiennes. Elle est actuellement incapable de travailler et prend des médicaments ainsi que des analgésiques et des somnifères, ce qui me fait prendre d’autant plus conscience de l’importance d’être fort pour elle.
Notre situation financière actuelle, qui se résume à plus de 30 000 dollars de dettes, nous oblige souvent à chercher de la nourriture et des vêtements auprès d’organismes de bienfaisance. Devant aider une mère qui ne peut pas travailler, en plus de devoir gérer les courses, les factures et les frais de scolarité, je serais éternellement reconnaissant de tout soutien que je pourrais recevoir. Face à un endettement croissant, je crains de ne pas pouvoir poursuivre mes études de médecine en raison du coût de celles-ci, mon rêve de devenir médecin me paraissant inatteignable.
Je remercie sincèrement la bourse d’études Manuvie d’offrir cette occasion à des étudiants comme moi qui ont perdu un parent. Je suis convaincu que si mes parents avaient eu une assurance vie, cela nous aurait sauvés des difficultés financières que nous traversons aujourd’hui, même après tant d’années.
