Au début de 2013, mon père a subi deux accidents vasculaires cérébraux en l’espace d’un mois, qui l’ont laissé paralysé. Les médecins ont découvert qu’il souffrait de leukocytose, une maladie qui entraîne la surproduction des globules blancs qui attaquaient sa colonne vertébrale. Après son diagnostic, ma famille a constaté que les médecins qui ont aidé mon père n’étaient plus en mesure de le guérir, car il a été renvoyé à la maison en fauteuil roulant.
Le 24 septembre 2013, j’ai perdu mon innocence. Ce soir-là, mes trois frères et moi avons préparé le souper avec mon père, car ma mère travaillait tard. Lorsque ma mère est enfin rentrée à la maison, mon père a été tellement soulagé de la voir, ce qui, rétrospectivement, je crois, était parce qu’il savait qu’il allait nous quitter. Cette nuit-là, il a subi une crise cardiaque et a été transporté d’urgence à l’hôpital. Le lendemain matin, ma mère a suggéré qu’au lieu d’aller à l’école, on pouvait aller à l’église pour prier pour mon père. Peu de temps après notre arrivée à l’église, le pasteur est venu nous parler, à mes trois frères et moi. Les larmes roulant sur ses joues, il nous a annoncé que notre père nous avait quittés.
Mon père était travaillant et extrêmement instruit. Comme il est le premier-né de sa famille au Nigeria, il a travaillé fort pour que lui et ses dix jeunes frères et sœurs puissent aller à l’école et avoir une vie meilleure. Il est arrivé au Canada avec très peu de moyens pour obtenir un diplôme et un meilleur emploi afin que sa famille n’ait pas à subir les épreuves qu’il a endurées. Après son décès, ma famille a reçu une nouvelle désastreuse, mon père avait résilié son assurance vie. Ces événements ont été douloureux, car j’ai vu ma mère prendre son courage à deux mains pour garder ma famille unie alors que nos vies venaient de basculer.
Ma mère n’a jamais su que mon père avait résilié son assurance vie. Je la voyais souvent pleurer et demander à Dieu pourquoi mon père avait résilié son assurance vie, entre autres, alors qu’il la laissait avec quatre enfants et une lourde dette. Si mon père avait conservé son assurance vie, je n’aurais pas vu ma mère souffrir autant au moment d’effectuer ses versements hypothécaires, car le prêt aurait été remboursé.
Ma mère doit maintenant soutenir financièrement trois étudiants universitaires tout en épargnant pour les études de mon frère cadet, qui entrera lui aussi bientôt à l’université. Je travaille sans relâche depuis que je suis en secondaire 3 pour économiser le plus d’argent possible pour mes études universitaires tout en essayant d’exceller dans mes études. En tant qu’étudiant de première année avec une charge de cours complète, il m’est de plus en plus difficile de maintenir un équilibre entre mes études et mon travail.
Mon père savait pousser les gens qui l’entouraient à exceller. Il voulait ardemment que mes frères et moi puissions accomplir plus que ce qu’il avait pu. Je choisis d’honorer sa mémoire en allant au-delà des aspirations qu’il avait pour moi dans tous les aspects de la vie.
