Le problème avec les difficultés financières, c’est que personne ne vous dit combien de temps elles peuvent durer. Je suis arrivée au Canada avec mon père quand j’avais huit ans. Ce fut une période stimulante et heureuse – un magnifique nouveau pays, de nouveaux paysages, de nouveaux amis, de la neige et, surtout, ma mère. Nous avions finalement retrouvé ma mère, qui est venue au Canada quand j’étais bébé. Comme la plupart des immigrants, nous vivions simplement. Avec l’arrivée de mon père, mes parents disposaient d’un revenu supplémentaire qui leur a permis de commencer à épargner et à préparer notre avenir. Ma mère prévoyait retourner aux études avant la fin de l’année suivante pour avoir la possibilité de commencer une nouvelle carrière. Notre avenir n’avait jamais paru aussi prometteur, mais en moins d’un an, tout a basculé.
Le problème avec les funérailles, c’est que personne ne vous dit à quel point elles peuvent coûter cher. J’avais neuf ans lorsque mon père est décédé. Il n’avait pas d’assurance et nous n’avions pas de famille vers laquelle nous tourner. Ma mère n’a eu d’autre choix que d’utiliser toutes nos économies pour payer les frais funéraires. Elle a dû accepter un autre emploi pour payer nos dépenses, et j’ai dû apprendre rapidement comment m’occuper de moi-même. J’ai vu ma mère s’épuiser à travailler deux quarts de travail consécutifs, et malgré cela, on avait de la difficulté à joindre les deux bouts. J’ai appris à cuisiner et à faire le ménage pour qu’elle ait le temps de se reposer à la maison. Tous nos plans ont été anéantis.
La vie est imprévisible. Connaissant notre situation financière, j’ai commencé à travailler dès que j’ai été légalement en mesure de le faire. J’ai occupé divers emplois à temps partiel et des emplois d’été pendant mes études secondaires, et j’ai économisé autant que j’ai pu pour mes études. Cependant, au cours de ma dernière année d’études secondaires, ma mère a reçu un diagnostic de cancer du sein. Mes priorités ont changé et je me suis mise à la recherche d’un emploi à temps plein pour que ma mère ne s’inquiète pas de nos finances. J’ai dû prendre la difficile décision de suspendre mes études et mon avenir.
Nous n’avions pas de famille au Canada; nous n’avions donc personne vers qui nous tourner pour obtenir de l’aide. Si mon père avait eu une assurance, ma mère aurait pu payer les frais funéraires. Au lieu d’avoir besoin d’un deuxième emploi, elle aurait pu retourner aux études à temps partiel comme prévu. Ma mère aurait continué d’épargner pour mes études et pour parer aux imprévus. Nous aurions pu aller de l’avant sans taire nos besoins. Aujourd’hui encore, ma mère est la personne la plus forte que je connaisse. Elle est ma principale source d’inspiration et, grâce à elle, j’ai réussi à persévérer malgré tous les revers. J’étudie maintenant en ressources humaines au Collège George Brown. La diversité et l’inclusion au travail me passionnent, et je veux créer un milieu de travail où les nouveaux immigrants sont informés des services qui leur sont offerts.