Je m’appelle Kiana W. J’étudie actuellement en deuxième année de kinésiologie à l’Université McMaster. Je me suis retrouvée à demander cette bourse à cause de ma mère. Je l’ai perdue en 2013 après son interminable combat contre un cancer du sein de stade 4 qui s’est finalement propagé dans tout son corps jusqu’à son dernier souffle.
Mes parents n’étaient pas financièrement stables et après leur divorce en 2004, l’argent est devenu un énorme problème. Cela a donné lieu à des soins inadéquats pour ma sœur cadette et moi. Je garde encore des souvenirs très nets de moi-même à 12 ans, quand je me rendais à l’hôpital toutes les semaines, quand je préparais le souper pour la petite et quand j’essayais de rappeler à ma mère qui étaient ses filles à la Maison Bruyère. Ces difficultés m’ont amenée à grandir un peu plus vite et c’est une qualité dont je suis éternellement reconnaissante. Ayant vécu ces expériences traumatisantes à un si jeune âge, je croyais qu’elle était en déplacement professionnel et qu’elle rentrerait bientôt à la maison... mais j’ai finalement dû faire face à la vérité. Même si j’étais jeune et triste, j’avais encore de grands rêves pour moi-même.
Malheureusement, ma mère n’avait pas accès à l’assurance vie. Elle n’en avait pas les moyens dans notre budget familial. Quand j’étais plus jeune, je ne savais pas que ce type d’assurance existait. Ma mère disait que ce n’était pas important pour camoufler le fait qu’elle n’avait pas les moyens d’en souscrire une. Soucieuse de mettre du pain sur la table et de nous procurer un toit, ma mère a fait ce qu’elle pouvait jusqu’à ce qu’elle reçoive son diagnostic, qui a été une grande surprise pour toute la famille.
Le fait est que le cancer est une terrible maladie qui touche des millions de personnes. Si nous avions eu une couverture adéquate, cela aurait éliminé un autre facteur de stress durant une période difficile. Mon père n’avait pas d’emploi pouvant procurer une aide financière. Nous comptions beaucoup sur nos grands-parents qui étaient des immigrants du Vietnam. Ils avaient très peu de choses, mais ils nous ont procuré de l’amour et de la chaleur, même s’ils étaient sur le point de perdre leur unique fille.
J’ai commencé à occuper tous les emplois qui me permettaient de gagner un peu d’argent. Le frère cadet de ma mère a travaillé d’arrache-pied pour épargner autant qu’il le pouvait, et des gens ont donné de l’argent aux funérailles de ma mère pour moi et le fonds d’études universitaires de ma sœur, qui n’existait pas encore. Si ma mère avait eu une assurance vie, cela aurait éliminé le stress financier qui déterminait si des études postsecondaires étaient envisageables. Je travaille à temps plein tous les étés pour m’assurer d’être suffisamment stable pendant chaque année scolaire suivante, en plus des prêts élevés du RAFEO. Avant son décès, j’étais déjà passionnée par l’école, mais par la suite, j’avais une nouvelle volonté de réussir. De bonnes notes et une grande détermination ont permis mon admission au programme de kinésiologie de la deuxième meilleure université au Canada. J’espère obtenir ce diplôme et exercer une profession dans le domaine médical ou de la santé, où je pourrai aider d’autres personnes qui en ont besoin, surtout celles qui ont été témoins d’un traumatisme comme moi.