Lindsey W.

Je présente une demande de bourse Life Lessons de Manuvie pour m’aider à payer ma troisième année dans le programme de baccalauréat ès sciences (avec spécialisation) de l’Université Queen’s. Après mes études postsecondaires, j’espère travailler en psychologie clinique, dans le secteur de la recherche en santé mentale. Je me suis fixé cet objectif à l’âge de 15 ans, quand j’ai perdu mon père qui s’est suicidé à l’issue d’un long combat contre une maladie mentale. C’est de loin l’événement le plus tragique et le plus bouleversant que ma famille et moi ayons vécu. Non seulement j’ai perdu mon père, mais je me suis sentie obligée de jouer un rôle de soutien vu la dynamique familiale. Mon père n’avait malheureusement pas d’assurance vie et, comme il était endetté, son décès a été encore plus éprouvant pour ma famille. Ma mère, qui devait désormais élever deux enfants seule et était grand-mère, se débattait pour payer les factures mensuelles, régler les frais d’obsèques et rembourser les dettes de mon père, de sorte qu’elle était incapable de joindre les deux bouts. Pour aider la famille et pouvoir aller à l’université, j’ai travaillé à temps plein tout en terminant mes études secondaires. Déterminée à rendre hommage à mon père, j’ai maintenu une moyenne supérieure à 90 % pendant les dernières années de mon secondaire et j’ai pris le temps de faire du bénévolat localement. Pendant toute cette période, j’ai rendu hommage à mon père, comme je m’en étais fixé l’objectif; je me suis renforcée et j’ai acquis l’indépendance nécessaire pour poursuivre mes études.

L’absence d’assurance vie a rendu mon processus de deuil beaucoup plus difficile. Ce fardeau financier a transformé la dynamique familiale. Comme ma mère était obligée de travailler de longues heures pour nous loger, mon frère et moi nous sommes retrouvés laissés à nous-mêmes, sans parents pour nous conseiller, nous soutenir ou nous servir d’exemple. Du coup, mon frère a pris part à des activités illégales et s’est fait arrêter de nombreuses fois. La perte de ce nouveau modèle masculin m’a perturbée, à tel point que j’ai tenté de jouer un rôle de soutien pour aider mon frère à prendre de meilleures décisions. J’ai vraiment essayé, mais ça n’a pas suffi, et mon frère continue de subir des conséquences juridiques en raison de la situation difficile dans laquelle s’est retrouvée ma famille après le décès de mon père. Si le décès de mon père n’avait pas causé autant de difficultés financières, je pense que ma mère aurait pu aider mon frère, ce qui m’aurait permis de mettre de l’argent de côté pour préparer mon avenir. Malgré ce fardeau financier qui m’a fait prendre du retard, je suis restée déterminée à aider les personnes comme mon père et grâce à la résilience que j’ai acquise durant ces moments difficiles, j’ai pu payer mes études jusqu’ici. En combinant des prêts et des bourses et en travaillant plus de 70 heures par semaine pendant les vacances, j’ai réussi à joindre les deux bouts. Chaque jour, quand je me réveille, je veux m’assurer que personne n’aura à souffrir comme mon père, et qu’aucune fille n’aura à perdre son père comme moi. J’espère que grâce à mes études et en travaillant fort, je ferai de ce rêve une réalité.