Cela fait près de quatre ans que j’ai perdu ma mère, Nazare, décédée d’un cancer ovarien de stade quatre. Ma mère était une femme forte et indépendante, qui s’occupait de bien des choses au sein du ménage, surtout des questions financières.
Mes deux parents étaient invalides et touchaient un revenu du Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées, mais après le décès de ma mère, notre revenu a considérablement diminué et nous n’avons plus été en mesure de payer toutes nos factures. L’année où elle nous a appris qu’elle était malade, je participais à un atelier d’animation et je créais un portefeuille pour présenter une demande d’inscription à une école d’animation. Après le décès de ma mère, j’étais incapable de faire face à la fois à ma peine et à nos difficultés financières; la seule option possible me semblait alors d’arrêter les cours et de trouver un emploi. Quand mon père et mon frère ont reçu un diagnostic de dépression, j’ai su que c’était à moi d’assumer cette responsabilité. Le stress causé par notre situation financière était purement et simplement invivable et nous prenait au dépourvu après à cette perte aussi tragique.
Au cours de ses derniers mois, ma mère a pris contact avec des compagnies d’assurance vie, mais elles ont généralement refusé sa requête vu son état. Si nous avions eu une assurance vie, nous aurions pu vivre paisiblement le deuil de ma mère, au lieu de nous casser la tête pour trouver de quoi régler la prochaine facture mensuelle, deux semaines après son inhumation. J’avais l’impression de ne pas pouvoir pleurer paisiblement ma mère et j’avais développé une tendance malsaine à mettre de côté mes émotions en travaillant. Je donnais priorité à notre situation financière plutôt qu’à ma santé mentale et mes relations ont fini par s’en ressentir. Comme je n’ai pas pris le temps de faire mon deuil et j’ai étouffé mes émotions, je vois maintenant des psychiatres et je participe à des groupes de consultation.
Au fil du temps, il nous a fallu trouver de l’argent pour régler d’autres dépenses. J’ai donc dû prendre un deuxième emploi. Je suis épuisée, tant physiquement que mentalement : je travaille plus de 75 heures par semaine, je parcours plus de 30 km par jour à pied et je continue à me présenter aux clients avec le sourire. Ce n’est certainement ni la vie que j’avais imaginée quand j’étais plus jeune ni celle que je n’aurais eue si nous avions reçu une assurance. J’ai souscrit de nombreux prêts pour régler des dépenses imprévues, ce qui a eu une incidence énorme sur ma cote de crédit. Je ne regrette pas de travailler pour aider ma famille sur le plan financier, mais je regrette la situation dans laquelle nous nous sommes retrouvés du fait que nous n’étions pas préparés au décès de ma mère.
Mon état émotionnel et mental serait totalement différent si notre situation financière avait été stable après le décès de ma mère. Quand j’ai découvert cette bourse, cela m’a fait du bien de savoir que des personnes dans la même situation que moi (ou une situation similaire) pouvaient obtenir de l’aide. Même si je n’obtiens pas cette bourse, je suis contente de savoir que quelqu’un d’autre recevra le soutien dont il a besoin.