Les entreprises dépensent beaucoup d’argent pour mettre en place des programmes de mieux-être au travail. Le marché mondial du bien-être en milieu de travail, évalué à plus de 49 milliards de dollars en 2019, devrait atteindre plus de 66 milliards de dollars d’ici 2027.
Selon Dr Howatt, de nombreux dirigeants ont constaté les répercussions de la pandémie sur la santé mentale de leurs employés et ont investi plus d’argent pour leur venir en aide.
« Les employeurs ont de bonnes intentions. Ils espèrent que le simple fait de proposer différents programmes permettra d’atténuer les risques de maladie mentale et de promouvoir une bonne santé mentale en milieu de travail », explique-t-il.
C’est tout à fait compréhensible, sachant que les maladies mentales sont l’une des principales causes d’invalidité au Canada. Il ajoute cependant que très peu de programmes de santé mentale arrivent à démontrer qu’ils sont fructueux à long terme.
« De nombreux employeurs facilitent l’accès à des programmes et à des politiques sans fondement clinique », précise-t-il.
Il donne en exemple l’absence de normes dans l’élaboration d’un nombre croissant d’applications de santé mentale. Il affirme qu’il existe sur le marché environ 20 000 applications de santé mentale et que, selon des études, la plupart pourraient s’avérer inutiles, voire néfastes.
Pourquoi? Cela s’explique par le manque de recherche et de rigueur lors de la réalisation des applications de santé mentale numériques fondées sur des données probantes. Une étude récente révèle que seulement 2 % des applications s’appuient sur des preuves de faisabilité ou d’efficacité parues dans des publications évaluées par des pairs.
Il existe toutefois des organismes comme la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) qui fournissent des directives sur la façon de créer une application de santé mentale numérique. Dr Howatt recommande de s’en tenir aux fournisseurs de services numériques qui ont fait les recherches nécessaires.
« La première chose à faire avant d’acquérir une telle application est de vous poser cette question : quelles normes (p. ex. respect des lignes directrices de la CSMC, affiliation à une université) ont été utilisées pour valider la capacité de l’application à fournir le service prétendu? Les solutions de santé numériques offrent une formidable occasion de faire tomber les obstacles et d’élargir l’accès, mais assurez-vous qu’elles reposent sur des faits et qu’elles ne causent aucun préjudice », indique Dr Howatt.
Un autre moyen d’évaluer votre programme en santé mentale est de solliciter en continu l’opinion (anonyme) de vos employés.
« La chose la plus importante que j’ai découverte, c’est le pouvoir des groupes de discussion et des entretiens avec les employés car ils donnent l’heure juste sur nos bons et nos mauvais coups », ajoute‑t‑il. « Quand les employés croient que ce qu’on leur demande est mis à exécution, alors leurs propositions sont validées. »