Troubles liés à la consommation de substances psychoactives : davantage de personnes en quête d’un traitement

31 mai, 2024

Pour les propriétaires d’entreprises, les promoteurs de régime et les administrateurs de régime

Résumé : Les troubles liés à la consommation de substances et les problèmes de santé mentale sont répandus au Canada et touchent les travailleurs et travailleuses et les lieux de travail dans tous les secteurs d’activité1. En 2023, on a observé une augmentation de 17,2 % par rapport à l’année dernière des demandes de règlement en raison de troubles liés à la consommation de substances (y compris les troubles liés à la consommation d’alcool et les troubles liés à la consommation d’opioïdes)2. Nos experts recommandent l’adoption de politiques en milieu de travail et des options de traitement qui peuvent aider à favoriser la compréhension, le rétablissement et le bien-être mental des employés de votre organisation.

 

Les troubles liés à la consommation de substances sont des problèmes de santé complexes qui impliquent la consommation habituelle de substances telles que l’alcool, les opioïdes (comme l’oxycodone ou le fentanyl), la cocaïne, la méthamphétamine en cristaux ou le cannabis, entre autres. Ces troubles peuvent causer des dommages importants, notamment une dépendance physique à la substance, des difficultés dans les relations à la maison ou au travail et de graves problèmes de santé3.

Un facteur d’absence et d’invalidité sur le lieu de travail

D’après nos données sur les demandes de prestations d’invalidité, lorsque la consommation de substances devient problématique, elle peut entraîner une invalidité de courte durée ou de longue durée, contribuant ainsi aux coûts des sinistres et à la perte de productivité pour les employeurs. Cependant, lorsque l’on examine nos données sur les demandes de règlement de médicaments pour 2023, il est également manifeste que davantage de personnes demandent de l’aide4. Ces tendances en matière de demandes de règlement pourraient être dues à une augmentation générale de la prévalence du trouble lié à l’utilisation d’opioïdes, à un meilleur accès à un traitement approprié et opportun, ou à une combinaison des deux.

Le problème touche peut-être plus de personnes que ne le révèlent les demandes de règlement.

« À tout moment, des personnes sont aux prises avec des troubles liés à la consommation d’alcool et d’autres drogues et n’ont pas encore cherché à obtenir de l’aide », affirme Cori Lawson-Roberts, vice-présidente adjointe, Innovation et intégrité, Invalidité à Manuvie. « Les troubles liés à la consommation de substances psychoactives peuvent affecter la capacité des personnes à travailler correctement et en toute sécurité, ce qui a des conséquences négatives sur leur santé, leur carrière et leurs moyens de subsistance ». 

Les employeurs ont des possibilités uniques d’aider les membres de leur personnel avant qu’ils n’aient besoin d’une invalidité de courte ou de longue durée. Ces possibilités peuvent comprendre ce qui suit :

  • Éducation et sensibilisation fréquentes et continues aux troubles liés à la consommation de substances psychoactives
  • Efforts visant à déstigmatiser ces problèmes de santé
  • Aide à l’accès aux services de santé dont les membres du personnel ont besoin

La sécurité est une préoccupation majeure

Au-delà des effets des troubles liés à la consommation de substances sur les personnes, leur qualité de vie et leur entourage, la sécurité au travail peut susciter d’importantes inquiétudes5. Par exemple, le risque pour la sécurité au travail est accru lorsqu’une personne souffrant de troubles liés à la consommation de substances occupe un emploi qui exige un haut degré de compétence et de concentration, comme la conduite de véhicules ou le maniement d’équipement et de machines dangereuses.

Troubles liés à la consommation de substances psychoactives par secteur d’activité : médicaments destinés à traiter les troubles liés à la consommation d’alcool et les troubles liés à la consommation d’opioïdes

Nous avons analysé les demandes de règlement de médicaments reçues en 2023 par demandeur unique, afin de donner un aperçu des secteurs d’activité où les troubles liés à la consommation de substances peuvent avoir l’effet le plus important sur les travailleurs et les organisations. Bien qu’il y existe des différences entre les secteurs d’activité, les données indiquent que le problème n’est pas propre à un secteur ou à un autre. Au contraire, des personnes de tous horizons et de toutes professions peuvent être touchées par un problème de consommation d’alcool ou d’opioïdes.

« Éduquer est essentiel », indique Eric Pfeiffer, consultant en bien-être au travail chez Manuvie. « Les employés doivent pouvoir accéder facilement aux ressources, rapidement et à tout moment, afin qu’ils disposent des renseignements avant d’en avoir besoin. Il est également important de favoriser une culture de sécurité caractérisée par l’absence de jugement dans laquelle les membres de l’équipe, à tous les niveaux, peuvent demander une aide confidentielle s’ils en ont besoin. Il est tout aussi important que les chefs d’équipe disposent des outils et de la formation nécessaires pour reconnaître qu’une personne est en difficulté et pour intervenir de manière positive, confidentielle et non menaçante lorsqu’ils constatent qu’une personne est confrontée à une situation difficile. »

Tendance significative des demandes de règlement : davantage de personnes demandent de l’aide

Depuis 2020, le nombre de personnes présentant des demandes de règlement pour des médicaments pris dans le cadre de leur traitement contre l’alcoolisme et les troubles liés à la consommation d’opioïdes a augmenté de 52,0 %. Au cours de l’année 2023, la croissance a été de 17,2 %. Bien que le nombre total de demandeurs ne représente qu’une faible proportion des quelque cinq millions de Canadiens assurés par le régime d’assurance collective de Manuvie, la croissance observée au cours de ces périodes constitue une tendance significative2.

Dans cette courte vidéo, Dr David Goldbloom, du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH), aborde les symptômes de la dépendance à l’alcool, ses effets et les options de traitement. Cette vidéo fait partie d’une série qui explore les thèmes les plus recherchés de la maladie mentale et de la toxicomanie.

Un diagnostic concomitant

Il est fréquent que les personnes atteintes de problèmes de santé mentale soient aux prises avec des troubles liés à la consommation de substances, et vice versa. Souvent, les troubles concomitants s’exacerbent mutuellement6.

Par exemple, certaines personnes ayant des problèmes de santé mentale consomment de l’alcool ou des substances à titre de mécanisme d’adaptation temporaire à une anxiété, à une dépression, à un trouble de stress post-traumatique, à un trouble bipolaire ou à d’autres problèmes de santé mentale diagnostiqués ou non. Cependant, cela ne traite pas le trouble mental sous-jacent et peut exacerber les symptômes à court et à long terme.

La consommation de substances peut également aggraver les problèmes de santé mentale établis ou en créer de nouveaux (tels que la dépression, l’anxiété et la psychose) en modifiant la chimie du cerveau. Ces modifications du cerveau peuvent interférer avec les médicaments prescrits pour le traitement de la santé mentale et entraver les progrès d’autres thérapies de santé mentale7.

En outre, les substances elles-mêmes peuvent entraîner une série de problèmes de santé graves, qu’il s’agisse de lésions hépatiques dues à l’alcool ou de risques de surdose avec les opioïdes. Ils peuvent aussi conduire à des troubles liés à la consommation de substances8.

Parfois, les gens ne cherchent pas à obtenir de l’aide pour leurs problèmes de santé mentale parce qu’ils n’en reconnaissent pas les signes et les symptômes. La stigmatisation sociale, voir l’autostigmatisation, crée des obstacles supplémentaires aux soins.

L’imbrication des troubles liés à la consommation de substances psychoactives et de la santé mentale peut avoir de graves conséquences pour les travailleurs, leurs proches et le lieu de travail.

« Lorsque des troubles mentaux et des troubles liés à la consommation d’alcool et d’autres drogues se manifestent simultanément, il est essentiel que les deux problèmes soient traités en même temps », explique le docteur Andrew Morgan, psychiatre à la Cleveland Clinic Canada. « Une approche coordonnée du traitement peut apporter un soutien complet et améliorer les résultats pour les personnes confrontées à ces défis étroitement liés ».

Les défis de la vie

Si le lien entre les problèmes de santé mentale et les troubles liés à la consommation de substances est bien établi, il existe de nombreux autres facteurs sous-jacents qui peuvent contribuer à la consommation de substances.

Le stress, les traumatismes, les difficultés financières et les événements difficiles de la vie augmentent le risque qu’une personne se tourne vers les substances psychoactives pour faire face à la situation8.

La physiologie individuelle joue également un rôle. Certaines personnes sont génétiquement plus vulnérables au développement d’une dépendance lorsqu’elles sont exposées à l’alcool et aux substances8.

L’utilisation non médicale de médicaments sur ordonnance, associée aux propriétés hautement addictives de certains médicaments, a contribué à l’augmentation des taux de troubles liés à la consommation de substances, en particulier les troubles liés à la consommation d’opioïdes. Dans ce cas, des initiatives telles que le programme de gestion des opioïdes de Manuvie ont contribué à sensibiliser les gens et à mettre en place des mesures de protection supplémentaires lorsqu’on leur prescrit ces puissants analgésiques afin de réduire le risque d’utilisation abusive d’opioïdes.

Le rôle de l’employeur sur le chemin de la guérison

Voici quelques stratégies que nos experts recommandent en réponse au pourcentage croissant de personnes qui demandent de l’aide par l’intermédiaire de leur régime d’avantages collectifs.

Offrir la couverture d’un traitement complet

Pour soutenir efficacement les membres du personnel qui ont un problème lié à la consommation de substances ou de santé mentale, vérifiez que votre régime offre la couverture d’un traitement complet.

Il est important que votre régime offre une couverture financière adéquate pour les praticiens de la santé mentale ayant l’expérience, les titres et les qualifications nécessaires pour traiter la plupart des problèmes de santé mentale. Différents types de praticiens sont spécialisés dans la consommation de substances et les troubles associés. Ainsi, une couverture complète facilite l’accès à ce type de traitement. Le Guide sur les professionnels de la santé mentale au Canada peut vous aider à comprendre les divers types de spécialistes qui fournissent divers types de traitements. Chaque type de fournisseur possède aussi son propre niveau d’études et ses propres qualifications.

Pour le traitement des troubles liés à la consommation de substances, la gamme de services couverts par votre régime peut inclure des programmes de désintoxication, une réadaptation en milieu hospitalier, des consultations externes, un traitement assisté par médicaments et des programmes après le traitement pour aider à éviter les rechutes et aider les membres du personnel à éliminer la consommation de substances de leur mode de vie. « En proposant aux membres du personnel un éventail d’options thérapeutiques, les entreprises augmentent les chances de guérison et réduisent les risques de rechute », explique le docteur Morgan.

Coordination des soins et accès aux spécialistes

La couverture du traitement complet doit comprendre l’accès à un éventail d’experts (spécialistes de la consommation de substances, conseillers, thérapeutes et psychiatres) et la possibilité pour ces experts de coordonner les efforts et les traitements. Malgré les efforts de chacun, la coordination des soins peut être un défi, mais c’est un rôle que les gestionnaires de dossiers d’invalidité peuvent jouer en facilitant les contacts et en aidant à la coordination des soins entre les prestataires de soins de santé.

La culture du lieu de travail influence les comportements et les attitudes

Votre culture d’entreprise peut avoir une grande influence sur votre équipe et le Rapport Mieux-être 2023 de Manuvie étaye ce point de vue. L’enquête annuelle confirme que les organisations réputées avoir les programmes et les cultures de bien-être les plus efficaces enregistrent moins de jours de perte de productivité au cours de l’année. Les personnes qui travaillent pour ces organisations sont également moins exposées à divers problèmes de santé liés au mode de vie.

Lire les points forts du Rapport Mieux-être 2023

« Les politiques de soutien sur le lieu de travail doivent comprendre une communication ouverte entre la direction, les responsables et le personnel, ce qui contribue à réduire la stigmatisation liée à ces problèmes », explique Eric Pfeiffer. « Les efforts de prévention et d’éducation peuvent prendre la forme de formations, d’ateliers et d’autres actions de sensibilisation aux troubles liés à la consommation de substances psychoactives et de promotion de comportements sains ».

Des programmes, y compris le programme d’aide aux employés et aux membres de leur famille (PAEF), sont destinés à soutenir les membres du personnel qui recherchent des conseils confidentiels. Cependant, les employés doivent se sentir en sécurité lorsqu’ils s’engagent dans le programme.

S’il est important de mettre en place des programmes sur le lieu de travail afin d’informer et de soutenir les membres du personnel qui luttent contre des problèmes de santé mentale ou de consommation de substances, il est également utile d’examiner si certains éléments de l’environnement de travail causent ou exacerbent ces problèmes. Les dirigeants peuvent examiner les exigences imposées au personnel pour s’assurer que l’organisation crée un environnement psychologiquement et physiquement sûr. Le Rapport Mieux-être révèle que 48 % des membres du personnel qui ont répondu à l’enquête sont confrontés à au moins un facteur de risque lié à la santé mentale au travail. Les difficultés liées à l’équilibre travail-vie privée et à la participation et à l’influence sur la manière dont leur travail est effectué sont les principaux facteurs de risque pour la santé mentale signalés par les personnes ayant participé à l’enquête9.

En donnant la priorité aux programmes de prévention, d’intervention et de soutien, les employeurs peuvent avoir un rôle important à jouer dans la création d’environnements sûrs et sans jugement où les employés peuvent demander une aide confidentielle sans stigmatisation ni représailles pendant leur cheminement vers la guérison et le bien-être.

Comment réagir à une surdose?

Au Canada, depuis 2016, plus de 40 000 personnes sont décédées à la suite d’une surdose accidentelle d’opioïdes. Une surdose peut se produire n’importe où : à la maison, à l’école ou au travail. La perte tragique de vies humaines, ainsi que les innombrables hospitalisations et visites aux urgences, constitue un problème de santé publique important qui a une incidence sur la vie et le bien-être des individus, des familles, des communautés et des milieux de travail10.

Pour aider à sauver des vies, le CAMH a créé une simulation en réalité virtuelle de scénarios concernant des surdoses d’opioïdes. La formation est offerte gratuitement par le centre d’apprentissage par la simulation en ligne du CAMH (en anglais). Tout membre du public peut suivre cette formation pour apprendre à réagir et à administrer une dose de naloxone (un traitement qui contre les effets d’une surdose) salvatrice en cas d’urgence.

« Il est très simple d’inverser une surdose d’opioïdes à l’aide de la naloxone et tout le monde devrait pouvoir le faire », déclare la psychiatre Petal Abdool, directrice médicale du centre d’apprentissage par la simulation du CAMH. « La naloxone est en fait plus facile à utiliser que l’EpiPen, mais en raison de la peur et de la stigmatisation liées aux surdoses d’opioïdes, on ne montre pas à l’utiliser. Cette simulation a été créée pour éduquer et atténuer cette crainte ».

Préparez-vous : Trousses de naloxone à emporter

L’intérêt pour les trousses de naloxone destinées à aider les gens à réagir en cas d’overdose a fortement augmenté. Par exemple, en Colombie-Britannique, la demande de trousses de naloxone à emporter est passée de 11 000 trousses par mois en 2017 à plus de 42 000 trousses par mois en 202411. Bien que de nombreux régimes de santé provinciaux/territoriaux fournissent gratuitement certains types de naloxone, les données globales des demandes de remboursement de Manulife montrent une augmentation parallèle de la demande de naloxone12, 2. Pour vous préparer, renseignez-vous auprès de votre pharmacien sur les possibilités d’accès à la naloxone dans votre région.

Sources:

1 Santé mentale et santé liée à l’usage de substances – Commission de la santé mentale du Canada, 2024

2 Données cumulatives sur les demandes de règlement de Manuvie, 2023

3 Consommation de substances psychoactives et troubles mentaux concomitants, 2023

4 Données cumulatives de Manuvie sur les demandes de prestations d’invalidité, 2023

5 À propos de la consommation de substances – Canada.ca, 2023

6 Mental Illness and Addiction: Facts and Statistics | CAMH, non daté, consulté en février 2024

7 Substance Use and Co-Occurring Mental Disorders - National Institute of Mental Health (NIMH) (nih.gov), 2023

8 Concurrent Disorders – ACSM (en anglais seulement), 2024

9 Rapport Mieux-être 2023. Le rapport englobe les résultats de trois sondages menés dans 99 organisations, auprès de 8 728 employés au total.

10 Méfaits associés aux opioïdes et aux stimulants au Canada – Canada.ca, 2023

11 BC Centre for Disease Control, Unregulated Drug Poisoning Emergency Dashboard, Naloxone Program (en anglais seulement), 2024

12 La naloxone à emporter, financée par l’État, dans les pharmacies au Canada, 2021

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