Un diagnostic concomitant
Il est fréquent que les personnes atteintes de problèmes de santé mentale soient aux prises avec des troubles liés à la consommation de substances, et vice versa. Souvent, les troubles concomitants s’exacerbent mutuellement.
Par exemple, certaines personnes ayant des problèmes de santé mentale consomment de l’alcool ou des substances à titre de mécanisme d’adaptation temporaire à une anxiété, à une dépression, à un trouble de stress post-traumatique, à un trouble bipolaire ou à d’autres problèmes de santé mentale diagnostiqués ou non. Cependant, cela ne traite pas le trouble mental sous-jacent et peut exacerber les symptômes à court et à long terme.
La consommation de substances peut également aggraver les problèmes de santé mentale établis ou en créer de nouveaux (tels que la dépression, l’anxiété et la psychose) en modifiant la chimie du cerveau. Ces modifications du cerveau peuvent interférer avec les médicaments prescrits pour le traitement de la santé mentale et entraver les progrès d’autres thérapies de santé mentale.
En outre, les substances elles-mêmes peuvent entraîner une série de problèmes de santé graves, qu’il s’agisse de lésions hépatiques dues à l’alcool ou de risques de surdose avec les opioïdes. Ils peuvent aussi conduire à des troubles liés à la consommation de substances.
Parfois, les gens ne cherchent pas à obtenir de l’aide pour leurs problèmes de santé mentale parce qu’ils n’en reconnaissent pas les signes et les symptômes. La stigmatisation sociale, voir l’autostigmatisation, crée des obstacles supplémentaires aux soins.
L’imbrication des troubles liés à la consommation de substances psychoactives et de la santé mentale peut avoir de graves conséquences pour les travailleurs, leurs proches et le lieu de travail.
« Lorsque des troubles mentaux et des troubles liés à la consommation d’alcool et d’autres drogues se manifestent simultanément, il est essentiel que les deux problèmes soient traités en même temps », explique le docteur Andrew Morgan, psychiatre à la Cleveland Clinic Canada. « Une approche coordonnée du traitement peut apporter un soutien complet et améliorer les résultats pour les personnes confrontées à ces défis étroitement liés ».
Les défis de la vie
Si le lien entre les problèmes de santé mentale et les troubles liés à la consommation de substances est bien établi, il existe de nombreux autres facteurs sous-jacents qui peuvent contribuer à la consommation de substances.
Le stress, les traumatismes, les difficultés financières et les événements difficiles de la vie augmentent le risque qu’une personne se tourne vers les substances psychoactives pour faire face à la situation.
La physiologie individuelle joue également un rôle. Certaines personnes sont génétiquement plus vulnérables au développement d’une dépendance lorsqu’elles sont exposées à l’alcool et aux substances.
L’utilisation non médicale de médicaments sur ordonnance, associée aux propriétés hautement addictives de certains médicaments, a contribué à l’augmentation des taux de troubles liés à la consommation de substances, en particulier les troubles liés à la consommation d’opioïdes. Dans ce cas, des initiatives telles que le programme de gestion des opioïdes de Manuvie ont contribué à sensibiliser les gens et à mettre en place des mesures de protection supplémentaires lorsqu’on leur prescrit ces puissants analgésiques afin de réduire le risque d’utilisation abusive d’opioïdes.
Le rôle de l’employeur sur le chemin de la guérison
Voici quelques stratégies que nos experts recommandent en réponse au pourcentage croissant de personnes qui demandent de l’aide par l’intermédiaire de leur régime d’avantages collectifs.
Offrir la couverture d’un traitement complet
Pour soutenir efficacement les membres du personnel qui ont un problème lié à la consommation de substances ou de santé mentale, vérifiez que votre régime offre la couverture d’un traitement complet.
Il est important que votre régime offre une couverture financière adéquate pour les praticiens de la santé mentale ayant l’expérience, les titres et les qualifications nécessaires pour traiter la plupart des problèmes de santé mentale. Différents types de praticiens sont spécialisés dans la consommation de substances et les troubles associés. Ainsi, une couverture complète facilite l’accès à ce type de traitement. Le Guide sur les professionnels de la santé mentale au Canada peut vous aider à comprendre les divers types de spécialistes qui fournissent divers types de traitements. Chaque type de fournisseur possède aussi son propre niveau d’études et ses propres qualifications.
Pour le traitement des troubles liés à la consommation de substances, la gamme de services couverts par votre régime peut inclure des programmes de désintoxication, une réadaptation en milieu hospitalier, des consultations externes, un traitement assisté par médicaments et des programmes après le traitement pour aider à éviter les rechutes et aider les membres du personnel à éliminer la consommation de substances de leur mode de vie. « En proposant aux membres du personnel un éventail d’options thérapeutiques, les entreprises augmentent les chances de guérison et réduisent les risques de rechute », explique le docteur Morgan.
Coordination des soins et accès aux spécialistes
La couverture du traitement complet doit comprendre l’accès à un éventail d’experts (spécialistes de la consommation de substances, conseillers, thérapeutes et psychiatres) et la possibilité pour ces experts de coordonner les efforts et les traitements. Malgré les efforts de chacun, la coordination des soins peut être un défi, mais c’est un rôle que les gestionnaires de dossiers d’invalidité peuvent jouer en facilitant les contacts et en aidant à la coordination des soins entre les prestataires de soins de santé.
La culture du lieu de travail influence les comportements et les attitudes
Votre culture d’entreprise peut avoir une grande influence sur votre équipe et le Rapport Mieux-être 2023 de Manuvie étaye ce point de vue. L’enquête annuelle confirme que les organisations réputées avoir les programmes et les cultures de bien-être les plus efficaces enregistrent moins de jours de perte de productivité au cours de l’année. Les personnes qui travaillent pour ces organisations sont également moins exposées à divers problèmes de santé liés au mode de vie.
Lire les points forts du Rapport Mieux-être 2023
« Les politiques de soutien sur le lieu de travail doivent comprendre une communication ouverte entre la direction, les responsables et le personnel, ce qui contribue à réduire la stigmatisation liée à ces problèmes », explique Eric Pfeiffer. « Les efforts de prévention et d’éducation peuvent prendre la forme de formations, d’ateliers et d’autres actions de sensibilisation aux troubles liés à la consommation de substances psychoactives et de promotion de comportements sains ».
Des programmes, y compris le programme d’aide aux employés et aux membres de leur famille (PAEF), sont destinés à soutenir les membres du personnel qui recherchent des conseils confidentiels. Cependant, les employés doivent se sentir en sécurité lorsqu’ils s’engagent dans le programme.
S’il est important de mettre en place des programmes sur le lieu de travail afin d’informer et de soutenir les membres du personnel qui luttent contre des problèmes de santé mentale ou de consommation de substances, il est également utile d’examiner si certains éléments de l’environnement de travail causent ou exacerbent ces problèmes. Les dirigeants peuvent examiner les exigences imposées au personnel pour s’assurer que l’organisation crée un environnement psychologiquement et physiquement sûr. Le Rapport Mieux-être révèle que 48 % des membres du personnel qui ont répondu à l’enquête sont confrontés à au moins un facteur de risque lié à la santé mentale au travail. Les difficultés liées à l’équilibre travail-vie privée et à la participation et à l’influence sur la manière dont leur travail est effectué sont les principaux facteurs de risque pour la santé mentale signalés par les personnes ayant participé à l’enquête.
En donnant la priorité aux programmes de prévention, d’intervention et de soutien, les employeurs peuvent avoir un rôle important à jouer dans la création d’environnements sûrs et sans jugement où les employés peuvent demander une aide confidentielle sans stigmatisation ni représailles pendant leur cheminement vers la guérison et le bien-être.