Le chemin parcouru, la situation actuelle et le travail qu’il reste à faire
Ça semble de plus en plus loin, mais il y a eu une vie avant la COVID-19. Les gens allaient travailler au bureau. Quelques entreprises seulement autorisaient le télétravail. Et on n’utilisait pas aussi couramment le terme « travailleurs de première ligne ».
On a fait beaucoup de chemin en deux ans. Malgré tout, l’examen des tendances en matière de demandes de prestation d’invalidité montrent qu’il y a encore bien à faire.
2020, l’année-charnière
On se souvient tous du jour où tout s’est arrêté. Devant l’exigence de télétravail obligatoire, les entreprises ont dû se réinventer. Celles qui emploient des travailleurs de première ligne ont mis les bouchées doubles pour concevoir des politiques visant à assurer la sécurité de leurs employés au travail.
Plus que de simples mesures d’adaptation, c’était un véritable changement de paradigme dans notre façon d’aborder le travail. Auparavant, le télétravail n’était généralement pas une option pour la plupart des gens. Beaucoup d’employeurs croyaient que qu’ils ne pourraient pas soutenir adéquatement leurs employés s’ils n’étaient pas présents sur place. Aujourd’hui, le télétravail est perçu comme un avantage et un outil de recrutement.
Les employeurs font tout ce qu’ils peuvent pour aider les gens qui ne peuvent pas travailler de la maison en mettant en place des horaires échelonnés, en faisant preuve de davantage de flexibilité pour les pauses et en multipliant les mesures d’adaptation au travail.
Mais tous ces efforts n’ont pas empêché la pandémie de faire des ravages. Les employés de tous les échelons sont épuisés. Et les travailleurs de première ligne ont énormément de pression sur les épaules.
Une nouvelle étude réalisée par le Angus Reid Institute révèle que la grande majorité de la population canadienne est aux prises avec des sentiments de fatigue, de colère et d’anxiété. De plus, un Canadien sur trois (36 %) dit avoir des problèmes de santé mentale.
Le volume de demande de prestations que traite Manuvie va en ce sens. « Les demandes de règlement liées à des problèmes de santé mentale représentent plus de 30 % des demandes de prestations d’invalidité collective présentées à Manuvie en 2021 », indique la Dre Georgia Pomaki, directrice principale, Meilleures pratiques en santé mentale, Invalidité et Vie à Manuvie.
C’est le segment le plus important des demandes de règlement, mais les tendances relatives aux demandes de règlement liées à la santé mental ont changé durant la pandémie. Les demandes de règlement liées à la dépression diminuent, mais celle relatives à l’anxiété augmentent. Et les tendances indiquent qu’on peut s’attendre à recevoir beaucoup de demandes de règlement liées à des troubles de stress post-traumatique dans l’avenir.
Mme Pomaki ajoute que « beaucoup de gens qui travaillent dans le secteur des soins de santé et dans d’autres secteurs de première ligne sont vraiment stressés ».
Une autre tendance montre que ce sont les femmes, les jeunes adultes et les parents d’enfants en bas âge qui déclarent avoir le plus de difficultés en matière de santé mentale. La bonne nouvelle, selon Mme Pomaki, c’est que comme les groupes plus jeunes mettent davantage l’accent sur la santé mentale et sont généralement disposés à en parler, les employeurs sont en mesure d’offrir des ressources et des mesures d’adaptation en matière de santé mentale qui ciblent ces groupes précis.
Aider les gens à trouver une certaine stabilité
Pour Mme Pomaki, une chose est sûre : les deux dernières années nous ont appris que la santé mentale, c’est la santé tout court. La santé physique et la santé mentale ne font qu’un. Pour éviter l’absentéisme autant que le présentéisme, les employeurs doivent tenir compte des liens qui unissent la santé mentale et la santé physique dans leur globalité.
Michelle Harper, directrice principale, Meilleures pratiques, Services nationaux – Invalidité, Vie et Invalidité, Assurance collective, est tout à fait d’accord.
« Par le passé, on se concentrait surtout sur la santé physique des gens pour les garder au travail. Maintenant, on sait que la santé mentale et la santé physique ne font qu’un, explique-t-elle. C’est un cycle. Les entreprises doivent tenir compte à la fois de la santé physique et de la santé mentale, sans quoi le cycle ne pourra pas se terminer. »
Et c’est tout aussi vrai pour l’avenir. Certains employés et employeurs sont prêts à reprendre le travail comme ils le faisaient auparavant. D’autres, pas tellement.
En fait, un sondage mené par le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) révèle que près de 30 % des Canadiens (28,8 %) ressentent un sentiment d’anxiété modéré ou intense à l’idée de retrouver leur routine d’avant la pandémie. Cette anxiété atteint son taux le plus élevé (38,4 %) chez les personnes âgées de 18 à 39 ans et celles vivant avec des enfants de moins de 18 ans (35,7 %).
Les conseils de Mme Pomaki? « Ne vous précipitez pas pour reprendre vos activités comme vous le faisiez avant. Il y a encore beaucoup d’incertitude. La santé mentale et la pandémie étant étroitement liées, et les employeurs doivent montrer qu’ils ont les intérêts de leurs gens à cœur et qu’ils sont là pour les aider à trouver une certaine stabilité. »
La clé, dit-elle, est d’établir une culture de confiance et de connexion, un endroit où les gens se sentent à l’aise d’interagir et où ils sentent qu’on se soucie d’eux. La création de ces types de liens peut aider les employés à se sentir soutenus, en sécurité et, ultimement, mobilisés.