Je suis enfant unique. Quand j’avais trois ans, ma mère a quitté mon père, qui était violent, et elle m’a ensuite élevée seule. Enfant, j’étais extrêmement angoissée quand j’étais séparée de ma mère, de sorte qu’aller à l’école était une épreuve. Cependant, bien qu’aucun de mes deux parents n’ait terminé ses études secondaires, ma mère tenait absolument à ce que j’obtienne un diplôme et m’encourageait à devenir enseignante.
J’avais onze ans quand ma mère a reçu un diagnostic de cancer du sein. Après des mois de traitement, elle s’est retrouvée en congé d’invalidité, dans une situation financièrement difficile, car elle n’avait pas d’assurance maladies graves. Au bout de trois années de rémission, elle a reçu un diagnostic de cancer du sein métastasé et a subi neuf types différents de traitements de chimiothérapie avant de décéder. J’avais alors 19 ans.
Soudain, je n’avais plus personne; c’était comme si le sol s’était effondré sous mes pieds. Ma mère n’avait pas d’assurance vie et ne laissait aucune autre source d’argent. En regardant la liste longue comme le bras de mes nouvelles dépenses, y compris pour payer la maison dans laquelle je vivais depuis l’âge de trois ans, j’ai su qu’il faudrait faire des sacrifices.
Tout de suite après le décès de ma mère, j’ai repris mes études postsecondaires à plein temps; je me suis mise à travailler pratiquement à temps plein et je suis devenue le soutien principal de ma grand-mère. Comme je n’avais pas de cosignataire pour obtenir un prêt étudiant auprès d’une banque, je ne pouvais compter que sur moi-même, financièrement. Dans l’année qui a suivi, j’ai terminé mon programme et je suis entrée à l’Université de Waterloo. Durant cette période, j’ai commencé à me sentir complètement dépassée et de plus en plus angoissée. Je savais que je ne pourrais pas continuer à mener de front un emploi et mes études à temps plein et j’ai décidé de me concentrer sur mes études.
Mais cette décision a eu des retombées et a été une source d’angoisse, car je n’avais plus les moyens de vivre dans ma maison. Tout en poursuivant mes études, j’ai commencé à voir un psychologue et appris ainsi à mieux gérer mon angoisse, ma tristesse et à me libérer avec assurance de la relation de violence que j’avais moi-même avec mon père.
J’ai obtenu mon diplôme il y a un an et je suis maintenant un programme d’enseignement. Je suis toujours restée déterminée à atteindre mes objectifs, mais les difficultés financières causées par le décès de ma mère sont une source constante d’inquiétude. Cette angoisse extrême que je ressens perturbe mes relations personnelles et ma santé en général au quotidien. Si ma mère avait eu une assurance avant de tomber malade, j’aurais eu les moyens d’obtenir les soins nécessaires à ma grand-mère. J’aurais aussi pu me concentrer sur mes études et obtenir de meilleures notes. Comme je n’ai pas pu le faire, je n’ai pas été acceptée dans le programme d’enseignement de l’établissement local de mon choix. Pour atteindre mon objectif et devenir enseignante, je dois donc faire trois heures de déplacement chaque jour. La bourse Life Lessons de Manuvie me permettrait de me concentrer sur mes études et mon bien-être.