C’était un vendredi comme un autre. Ma grand-mère (Nan) est passée me prendre à la sortie du gymnase et nous sommes allées chercher une pizza pour le dîner. C’était notre routine du vendredi soir. Dès que nous sommes arrivées à la maison, le téléphone a sonné. Nan a parlé pendant un long moment puis elle est venue s’asseoir à côté de moi. Elle m’a dit « J’ai une triste nouvelle, maman est morte. »
Ma mère avait quinze ans quand je suis née, et je ne connais pas mon père. Depuis toujours, nous vivions avec Nan. Nan était une mère célibataire. Elle a élevé seule ma mère et sa petite sœur. Elle a travaillé de longues heures pour joindre les deux bouts. Quand maman est décédée, Nan a fait bonne figure et m’a assuré sans hésitation qu’elle s’occuperait de moi. Lorsqu’elle a perdu son emploi, elle m’a dit avec assurance que tout irait bien. Elle n’a jamais montré son inquiétude. Malgré sa force et sa résilience, Nan n’est pas riche et les répercussions financières des funérailles et de la pleine responsabilité d’un autre enfant ont été considérables.
À un moment donné, j’ai réalisé que ma vie était différente. Je n’avais pas de parents ou de grands-parents au sens habituel. J’ai développé de l’anxiété et j’ai perdu ma propre estime. Les activités et les expériences que mes amis tenaient pour acquises étaient un luxe pour moi. J’ai fini par comprendre qu’il m’appartiendrait de financer mes études si je voulais aller à l’université.
Quand ma mère est morte à l’âge de 27 ans, elle n’avait pas d’argent et pas d’assurance. Parfois, je me demande à quoi ressemblerait la vie si j’avais eu une famille « normale » ou si ma mère avait eu une assurance. L’assurance ne rendrait pas la perte de ma mère moins difficile, mais si elle avait permis de couvrir les frais funéraires, mes soins quotidiens, et mes études, la vie aurait été beaucoup moins stressante. Nan devrait planifier sa retraite, mais ce n’est malheureusement pas notre réalité.
J’avais quatorze ans lorsque j’ai commencé à travailler en tant qu’entraîneuse à temps partiel pendant l’année scolaire et à temps plein pendant l’été. Nan m’a suggéré d’économiser 20 % de mon salaire et de profiter du reste. J’ai décidé d’économiser 50 % pour mes études et d’utiliser le reste pour alléger le fardeau de Nan. C’est dur de perdre son seul parent quand on a onze ans, mais cela m’a poussée à devenir autonome. Je suis indépendante, je maintiens une moyenne de 90 % et je suis une athlète accomplie.
Je suis déterminée à me bâtir une vie heureuse et à soutenir Nan au fur et à mesure qu’elle vieillit. Les épreuves que j’ai traversées m’ont beaucoup appris, y compris comment travailler dur et quelle est la valeur de l’argent. J’aimerais sincèrement qu’il y ait des cours sur la gestion financière et l’assurance au secondaire. Tout le monde devrait savoir comment protéger sa famille parce que tout peut changer en un instant, comme cela a été le cas pour moi. Je suis ravie de commencer mes études universitaires et de vivre en résidence, mais les coûts sont énormes. Cette bourse va tout changer, me permettant de me concentrer sur l’université avec beaucoup moins de stress financier.