Voici pourquoi votre programme de santé mentale ne donne peut-être pas les résultats escomptés

2 décembre, 2022

Pour les participants au régime, les promoteurs de régime et les administrateurs de régime

Dr Bill Howatt explique comment améliorer vos programmes de santé mentale.

Dr Bill Howatt compte plus de trente ans d’expérience clinique dans le domaine de la santé mentale. Il participe régulièrement à des projets de recherche et à des publications concernant la santé mentale au travail. Par ailleurs, il compte à son actif plus de dix ans d’expérience à titre de cadre supérieur à Wall Street.

L’argent est-il bien dépensé? Vous l’ignorez probablement.

Les entreprises dépensent beaucoup d’argent pour mettre en place des programmes de mieux-être au travail. Le marché mondial du bien-être en milieu de travail, évalué à plus de 49 milliards de dollars en 2019, devrait atteindre plus de 66 milliards de dollars d’ici 2027.1

Selon Dr Howatt, de nombreux dirigeants ont constaté les répercussions de la pandémie sur la santé mentale de leurs employés et ont investi plus d’argent pour leur venir en aide.

« Les employeurs ont de bonnes intentions. Ils espèrent que le simple fait de proposer différents programmes permettra d’atténuer les risques de maladie mentale et de promouvoir une bonne santé mentale en milieu de travail », explique-t-il.

C’est tout à fait compréhensible, sachant que les maladies mentales sont l’une des principales causes d’invalidité au Canada.2 Il ajoute cependant que très peu de programmes de santé mentale arrivent à démontrer qu’ils sont fructueux à long terme.

« De nombreux employeurs facilitent l’accès à des programmes et à des politiques sans fondement clinique », précise-t-il.

Il donne en exemple l’absence de normes dans l’élaboration d’un nombre croissant d’applications de santé mentale. Il affirme qu’il existe sur le marché environ 20 000 applications de santé mentale et que, selon des études, la plupart pourraient s’avérer inutiles, voire néfastes.3

Pourquoi? Cela s’explique par le manque de recherche et de rigueur lors de la réalisation des applications de santé mentale numériques fondées sur des données probantes. Une étude récente révèle que seulement 2 % des applications s’appuient sur des preuves de faisabilité ou d’efficacité parues dans des publications évaluées par des pairs.4

Il existe toutefois des organismes comme la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) qui fournissent des directives sur la façon de créer une application de santé mentale numérique.5 Dr Howatt recommande de s’en tenir aux fournisseurs de services numériques qui ont fait les recherches nécessaires.

« La première chose à faire avant d’acquérir une telle application est de vous poser cette question : quelles normes (p. ex. respect des lignes directrices de la CSMC, affiliation à une université) ont été utilisées pour valider la capacité de l’application à fournir le service prétendu? Les solutions de santé numériques offrent une formidable occasion de faire tomber les obstacles et d’élargir l’accès, mais assurez-vous qu’elles reposent sur des faits et qu’elles ne causent aucun préjudice », indique Dr Howatt.

Un autre moyen d’évaluer votre programme en santé mentale est de solliciter en continu l’opinion (anonyme) de vos employés.

« La chose la plus importante que j’ai découverte, c’est le pouvoir des groupes de discussion et des entretiens avec les employés car ils donnent l’heure juste sur nos bons et nos mauvais coups », ajoute‑t‑il. « Quand les employés croient que ce qu’on leur demande est mis à exécution, alors leurs propositions sont validées. »

Renforcer la santé mentale ou traiter la maladie mentale

Dr Howatt est d’avis que les programmes de santé mentale devraient justement mettre en pratique ce qu’ils préconisent, soit la santé mentale. On choisit souvent un contrat d’assurance pour se protéger en cas de maladie mentale, mais on devrait aussi promouvoir la santé mentale, la bonne forme mentale et la résilience au sein de l’organisation.

Il faut plus qu’une demi-journée de séminaire pour instaurer une bonne forme mentale, explique-t-il. Selon lui, il est préférable que les employés acquièrent de saines habitudes à long terme.

« Participer à un atelier sur la résilience pendant trois heures procure rarement un effet durable. Je préfère de loin utiliser ces trois heures et les diviser en microapprentissages d’une dizaine de minutes par semaine qui fournissent des outils à mettre en pratique pour favoriser la santé mentale », suggère le spécialiste. Il recommande également dix minutes par jour de conditionnement mental comme facteur de protection pouvant avoir des conséquences très positives sur la santé mentale des travailleurs.

Dr Howatt laisse entendre que ce type de prévention peut contribuer à diminuer la perte de productivité liée à l’absentéisme et au présentéisme dont le coût pour les entreprises dépasse 1,5 mille milliards de dollars par année.6

« Les travailleurs qui apprennent à renforcer leur résilience psychologique même de 5 % réduisent de 10 % à 15 % le risque d’obtenir un diagnostic de maladie mentale », affirme-t-il.7

Favoriser une culture axée sur la santé mentale

Dr Howatt soutient que les dirigeants doivent valoriser la santé mentale au travail pour bien l’intégrer à leur culture. Pour ce faire, ils doivent faire preuve de beaucoup plus de bienveillance qu’ils en ont l’habitude.

« Les milieux de travail exigeront dorénavant des dirigeants altruistes qui aiment fondamentalement les êtres humains », déclare Dr Howatt. « Visez à expérimenter ce qu’est un gestionnaire sain sur le plan psychologique parce que vous êtes une personne sur laquelle on doit pouvoir se reposer. Si vous n’y parvenez pas, comment pourrez-vous être un exemple à suivre? »

En collaboration avec l’Université du Nouveau-Brunswick, Dr Howatt a mis sur pied un certificat en leadership sécuritaire sur le plan psychologique qui insuffle aux dirigeants les compétences nécessaires pour déceler les risques de maladie mentale et réduire les atteintes à la santé mentale en milieu de travail.8

Ces mesures peuvent vous aider à améliorer vos programmes de santé mentale, mais vous devez être disposé à introduire des changements dans votre milieu de travail.

« Acceptez qu’il est difficile de changer les comportements, qu’il n’y a pas de recette miracle ni de solution magique. Il faut collaborer avec les employés pour découvrir quels programmes, avantages sociaux et politiques sont les plus bénéfiques pour les inciter au bien-être », soutient-il.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de Bill Howatt et ne représentent pas nécessairement celles de Manuvie. Les renseignements présentés dans cet article ne doivent pas être considérés comme des conseils professionnels applicables à des situations particulières.

Liens connexes